Vélos électriques

Supervélos et technologie spatiale : Viiala prépare la prochaine révolution du cycle

Tomi Viiala, ancien co-CEO de Stromer, et François-Henry Bennahmias, ex-patron de la maison horlogère suisse Audemars Piguet, s’associent pour créer une nouvelle marque de vélos électriques premium. Leur ambition ? Rien de moins que de « révolutionner » une industrie qu’ils jugent à l’arrêt sur le plan de l’innovation.

Tomi Viiala, à gauche et François-Henry Bennahmias, à droite, fondateurs de la société Viiala. © Viiala

Une alliance entre vélo et luxe

Les deux hommes viennent de mondes différents mais partagent une même vision. Côté vélo, Tomi Viiala a contribué à imposer Stromer sur le marché des speedbikes haut de gamme. Côté luxe, François-Henry Bennahmias a marqué l’histoire d’Audemars Piguet, qu’il a dirigée pendant dix ans en quadruplant le chiffre d’affaires (de 500 millions à plus de 2 milliards de francs suisses). Derrière la marque Viiala, dévoilée en Suisse, se dessine donc une rencontre entre l’ingénierie cycliste et les codes du luxe.

Trois modèles attendus en 2028

Selon L’Echo et Bike Europe, trois vélos verront le jour :

  • un hyperbike de performance, capable d’atteindre entre 150 et 200 km d’autonomie,
  • un super-commuter taillé pour les trajets quotidiens longue distance,
  • et un vélo urbain, pensé pour la ville.

Tous viseront un usage sur asphalte, avec un design annoncé comme « frappant » et une approche très éloignée des standards actuels.

Une technologie inspirée de l’automobile et de l’aérospatial

Pour sortir des sentiers battus, Viiala a fait appel à des partenaires inattendus. Parmi eux, Humna Khan, ingénieure passée par la NASA et SpaceX, aujourd’hui à la tête d’Astro Test Labs. Elle accompagne la marque sur les procédés de fabrication et l’intégration de technologies avancées. Autre partenaire stratégique : un acteur majeur de l’automobile, dont le nom n’a pas encore été dévoilé, mais qui contribue au développement du moteur et du système de transmission.

Résultat annoncé : des vélos jusqu’à 10 kg plus légers que les modèles longue autonomie actuels, une intégration poussée des systèmes numériques et même la promesse de réduire le temps d’assemblage à seulement dix minutes par vélo.

Des prix hors normes

Viiala ne cache pas ses ambitions tarifaires. Là où beaucoup estiment qu’un vélo électrique plafonne au-delà de 10.000 €, les fondateurs évoquent sans détour la barre des 20.000 €. « Ce n’est pas une question de volume, mais de créer un nouveau monde », explique Tomi Viiala à Bike Europe.

Pour justifier cette approche, il rappelle que chez Stromer, des modèles à plus de 13.000 € avaient trouvé leur public. Ici encore, les vélos seront fabriqués à la commande, avec une offre de leasing prévue pour faciliter l’accès.

Une production ancrée en Europe

Les fondateurs insistent : 90 à 95 % des composants viendront d’Europe et des États-Unis, avec une production localisée sur le Vieux Continent. Une stratégie inspirée du modèle suisse de l’horlogerie, qui a su préserver sa valeur en restant fidèle à son territoire.

Le lancement de Viiala s’inscrit dans un cadre plus large : le holding The Honourable Merchants Group (THMG), créé par Bennahmias. L’idée : conjuguer croissance économique et impact positif, en partageant les bénéfices et les plus-values avec les salariés et investisseurs.

Une « space race » du vélo ?

Le timing interroge, alors que l’industrie du cycle traverse une crise mondiale. Mais pour Bennahmias, c’est justement « quand les gens ont peur » qu’il faut innover. Viiala n’est pas seule sur ce terrain. Comme le souligne Bike Europe, Rivian, constructeur automobile électrique américain, prépare aussi une incursion dans la micromobilité. Certains y voient déjà le début d’une nouvelle course à l’innovation, digne d’une « space race » du vélo.

  • Publié le 18 septembre 2025

Journaliste à vélo, expatrié dans le Luberon. Persuadé d'être un sniper de l'humour, qui ne rate jamais sa cible.

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