La Baromètre Vélo 2025 livre ses résultats
Avec un record de 334 000 participants, le Baromètre vélo 2025 de la FUB dresse un état contrasté du climat cyclable en France. Si certaines villes progressent, le ressenti global reste mauvais, révélant fractures territoriales et enjeux politiques majeurs.

En bref :
- Le Baromètre vélo 2025 bat un record avec 334 000 réponses, signe d’un intérêt croissant pour la mobilité douce.
- Les résultats pointent un climat vélo jugé encore « médiocre », malgré de légers progrès depuis 2021.
- De fortes disparités émergent entre territoires moteurs et zones à la traîne, à l’approche des municipales 2026.
La grande enquête citoyenne de la Fédération des Usagers de la Bicyclette, relayée à maintes reprises par nos soins, était accessible à tous sur une plateforme dédiée jusqu’au 3 juin dernier. Durant l’été, l’ensemble des contributions ont pu être analysées et les communes ont pu voir leurs efforts (ou manquements) en matière de politiques cyclables être notés par les usagers.
Le fruit de ce travail et de la mobilisation de milliers de cyclistes est à retrouver sur une carte de France interactive qui permet de consulter toutes les villes qualifiées en fonction de leur classement. L’occasion de constater que le vert, réservé aux villes plutôt bien notées, se fait encore rare dans de très nombreuses régions et que les progrès à réaliser par les municipalités pour protéger les cyclistes et encourager la pratique du vélo restent très importants.
Un outil de pression pour les élections municipales
Ca tombe bien, les prochaines élections municipales se tiendront en mars 2026 et – fort de ces chiffres et retours – tous les acteurs pro-vélo vont pouvoir se mettre en ordre de marche pour faire de la petite reine un enjeu politique à cette occasion. C’est évidemment le souhait de la FUB qui avait méticuleusement choisi les dates de ce nouveau baromètre en vue de cette échéance électorale majeure.
« À six mois des élections de 2026, le Baromètre vélo apparaît comme un véritable mandat citoyen. Il offre aux collectivités, associations et candidats des repères concrets pour inscrire le vélo au cœur de leurs projets. Investir dans le vélo, c’est investir dans la sécurité des déplacements, la santé et la qualité de vie de toutes et tous », résume la FUB.
Une participation record
Mais du coup, que faut-il retenir des résultats de ce Baromètre Vélo 2025, dont le palmarès a été rendu public hier, jeudi 18 septembre, lors d’une cérémonie organisée à Lyon ? Déjà, que tous les records de participation ont été battus. La campagne menée par la FUB et ses partenaires a bien fonctionné et si le Baromètre 2021 s’appuyait sur 231 000 réponses, ce sont plus de 334 000 participants qui – en 2025 – ont pris le temps de noter la politique cyclable de leur ville (et de celles qu’ils traversent régulièrement à vélo).
Point notable, la participation des cyclistes au féminin fait un bon spectaculaire avec 19 % de répondantes en plus, signe d’une pratique qui se féminise. Les femmes représentent 51,1 % des participants au Baromètre. Globalement, les répondants s’estiment cyclistes confirmés à 61 % et 72 % ont entre 18 et 65 ans. Des cyclistes effectivement réguliers puisque 73 % indiquent faire du vélo chaque jour ou presque. 35 % surtout pour des déplacements utilitaires, 28 % pour se rendre à l’école ou au travail, 21 % pour la balade et le tourisme et 16 % pour faire du sport.
La FUB se réjouit aussi d’avoir abaissé le seuil de qualification des petites communes à 30 réponses, ce qui permet d’avoir une cartographie bien plus riche de ce qui peut se passer dans les bourgs et villages. 12 984 communes ont été citées dans l’enquête et 2646 ont été qualifiées (+39 %). Cela installe le Baromètre Vélo comme la plus grande enquête citoyenne sur l’usage du vélo. Un gros travail de fiabilisation des données a également été opéré, écartant quelque 2700 contributions.
Des lieux clés bien identifiés où il faut agir
Au-delà de ces chiffres et des notes attribuées aux villes, ce que nous retenons ce sont les 1,1 million de points commentés par les répondants. Ces « points » constituent autant de position géographiques où des commentaires d’usagers ont été apportés, bons ou mauvais, pour identifier une voie cyclable rénovée, un carrefour dangereux, l’absence de signalisation adaptée, etc. Car c’est bien à ce niveau de détail que se joue la sécurité et le confort de circulation des cyclistes, ces points permettant d’obtenir un diagnostic territorial très précieux pour orienter les politiques cyclables à l’avenir.
Ainsi, ce sont 2553 lieux clés à aménager sur 700 communes qui ont pu être identifiés grâce aux témoignages des usagers. De véritables points d’alerte pour les collectivités. De la même manière, ce Baromètre met en exergue le manque cruel de stationnements vélo sur le territoire, avec 1344 lieux clés à équiper prioritairement sur 594 communes. Savoir que l’on ne va pas pouvoir garer son vélo en sécurité est l’un des principaux freins à sa pratique dans de nombreux endroits.
Au global, un climat vélo « médiocre »
Mais pour l’heure, le constat reste navrant : le climat vélo en France est qualifié de « médiocre » par la FUB au sortir de cette enquête, bien que de légères améliorations soient notées par rapport à 2021. En effet, 64 % des personnes ayant participé trouvent que les conditions pour l’usage du vélo sont mauvaises et 48 % ne voient pas de changement particulier pour les cyclistes au cours des deux dernières années.
C’est la preuve que des fractures sont en train de se créer et de s’aggraver entre des territoires qui ont fait du vélo un véritable enjeu et investissent pour sa pratique, et d’autres qui ne bougent pas. Les grandes villes restent les locomotives du vélo en France, avec des progrès remarquables dans des municipalités comme Clermont-Ferrand (+25 %), Lyon (+15 %) ou Toulouse (+15 %). Des villes qui ont investi dans le vélo. Côté villes moyennes, le climat vélo de communes comme Epinal, Bourges ou Lons-le-Saunier progresse fortement (20 %), mais 17 villes de cette catégorie voient leur note se dégrader. Cela montre que les efforts des villes doivent être constants.
Les disparités sont également fortes entre les différentes régions. On voit les villes de la région PACA ou de Corse décrocher, là où celles de la façade Atlantique affichent de très bons scores.
Des progrès insuffisants
Le score national progresse légèrement, avec une moyenne globale de 3,09 points, contre 2,98 en 2021. Si rien ne change côté services, l’aspect sécuritaire s’améliore un petit peu (2,97 contre 2,80 il y a quatre ans) et le ressenti général passe de 3,10 à 3,25. De tous petits progrès qu’il faut saluer, mais dont on ne peut pas réellement se réjouir vus les enjeux majeurs qui tournent autour de l’augmentation de la part modale du vélo (tant en termes écologiques que de santé publique).
Côté lauréats, voici ce qu’il faut retenir, catégorie par catégorie : parmi les grandes villes, Grenoble (4,37), Strasbourg (4,15) et Rennes (4,05) font office de modèles en termes de climat cyclable ; Bourg-en-Bresse (4,32), Gujan-Mestras (4,16) et La Rochelle (4,15) se distinguent au sein des villes moyennes ; Saint-Aubin-De-Médoc (4,72), Le Teich (4,67) et Le Bourget-Du-Lac (4,64) sont les communes de banlieue les plus plébiscitées. Du côté des petites villes et des bourgs et villages, des villes telles que Andernos-Les-Bains (4,52), Bretignolles-Sur-Mer (4,45), Val-De-Rueil (4,44), Notre-Dame-Des-Monts (4,77) ou encore Vieux-Boucau-Les-Bains (4,67) sont les exemples à suivre.
- Publié le 19 septembre 2025