Garmin et Strava trouvent un accord, la guerre des données sportives prend une nouvelle tournure
Garmin et Strava s’affrontent autour du contrôle des données sportives. Après des semaines de tension, Strava accepte partiellement les nouvelles règles imposées par Garmin pour préserver la connectivité.

En bref :
- Garmin impose désormais que toutes les activités issues de ses appareils portent sa marque sur Strava.
- Strava finit par accepter partiellement cette règle pour préserver la connectivité.
- Ce bras de fer révèle une lutte d’influence sur la visibilité des marques et la valeur des données générées par les utilisateurs.
Depuis plusieurs mois, les échanges sont très tendus entre Garmin, leader des montres et compteurs GPS, et Strava, réseau social sportif numéro un. Le point de cristallisation : un changement imposé par Garmin dans ses conditions d’exportation de données, obligeant toute activité issue de ses appareils à porter sa marque.
Les enjeux sont grands puisque ce différend a récemment débouché sur une plainte déposée par Strava contre Garmin, l’accusant d’avoir violé ses propriétés intellectuelles sur les segments et les heatmaps, avec une demande de suspension des ventes de produits Garmin aux Etats-Unis.
Dans un communiqué, Strava reconnaît finalement accepter partiellement les exigences de Garmin. Le réseau social affirme : « Même si nous ne sommes pas d’accord avec l’image de marque étendue imposée par Garmin, la connectivité ininterrompue… reste notre priorité absolue. »
Strava indique d’ailleurs qu’il étendra sa nouvelle position à tous les appareils partenaires (Coros, Apple, Suunto, etc.) afin d’adopter une position plus équitable. Il faut dire qu’il était reproché à Strava un deux poids deux mesures entre Garmin et les autres fabricants.
En d’autres termes, si les conditions Garmin sont contraignantes, l’acceptation de Strava lui permet de sortir du face-à-face tout en redéfinissant les règles du jeu autour de la crédibilité et de la visibilité des marques dans son réseau.
Reste que pour l’heure, Strava reste silencieuse sur le procès intenté à Garmin concernant ses brevets. Comme quoi tout n’est pas encore réglé entre les deux géants, loin de là.
Qu’est-ce qui change pour les utilisateurs ?
À compter du 1er novembre, toute activité issue d’un dispositif Garmin devra être explicitement étiquetée comme telle, dans les graphiques, les cartes, les résumés visuels, etc. L’ambition de Garmin : garantir que ses données ne soient pas anonymisées ou diluées sur des plateformes tierces. Garmin cherche ainsi à imposer une présence de marque beaucoup plus structurante.
Auparavant, Strava se contentait d’une mention discrète dans le résumé d’activité (aux côtés des données comme les calories ou le dénivelé).
Tout cela n’est pas sans créer un précédent, préparant le terrain pour d’autres fabricants qui pourraient chercher à imprimer plus fortement leur marque dans les échanges de données entre plateformes. Toutefois, plusieurs points restent flous et Strava n’a pas détaillé comment sera gérée la mention « attribution » dans le cas des anciens fichiers, des importations manuelles, etc.
Ne pas oublier les sportifs
On l’a bien compris, cette bataille n’est pas que technique mais aussi symbolique. Chacun cherche à contrôler la visibilité des données dans l’écosystème sportif. Garmin a mis la condition d’exportation au cœur de sa stratégie de marque. Strava, de son côté, a préféré céder partiellement afin de préserver l’accès de ses utilisateurs et éviter une rupture brutale. Car si les membres de Strava veulent pouvoir synchroniser leurs activités avec leurs produits Garmin, Strava n’existe plus sans données d’activités à partager.
Il est donc logique que Strava cherche à tout prix à maintenir l’expérience utilisateur avant de perdre une part de la communauté Garmin.
Cela nous interroge, en tant que cyclistes, sportifs et passionnés : les données que l’on génère au quotidien, au gré de nos sorties et balades, ne sont pas neutres. Cela nous rappelle qu’elles ont une valeur inestimable pour ces fabricants et plateformes et deviennent l’enjeu de grandes rivalités. Le comble serait donc qu’en tant que pratiquant, on finisse par être bridé/sanctionné par ces disputes juridiques. Ces grands acteurs cherchent à accroître leur visibilité par leurs biais, mais il faudra aussi veiller à ce que les intérêts des utilisateurs et pratiquants soient préservés.
- Publié le 18 octobre 2025