Elus locaux et collectivités défendent un Plan Vélo privé de crédits par le budget 2025 : « C’est totalement inacceptable »
Après les associations d’usagers, ce sont les élus et représentants des collectivités qui s’organisent pour exhorter le gouvernement à revoir sa position sur l’abandon du Plan Vélo et la suppression du Fonds mobilités actives.
En bref :
- Le Fonds mobilités actives disparaît du budget 2025, sacrifié dans la recherche d’équilibre des comptes publics.
- Un coup d’arrêt sous forme de rupture de confiance pour les usages, les associations, les élus et toute la filière.
- Les conséquences de cette décision pourraient être néfastes à court et moyen terme, alors que la pratique du vélo décarbone les transports, améliore la santé publique, développe un secteur en voie de réindustrialisation.
Le vélo a bien des vertus. Il est écologique et, à ce titre, s’avère être une arme importante du dispositif de réduction des émissions carbone liées aux transports.
Il est, aussi, un outil de santé publique très efficace. D’innombrables études démontrent qu’il prolonge l’espérance de vie en bonne santé et que des milliards d’euros peuvent être économisés chaque année par les systèmes de santé, en luttant contre la sédentarité et ses méfaits.
Il est, enfin, économique. Non seulement du côté des cyclistes, s’agissant de l’un des moyens de transport les plus accessibles, mais aussi du côté du marché, puisqu’il s’agit d’un secteur clé de la réindustrialisation française. On le voit au quotidien, il existe dans notre pays une myriade d’acteurs qui se battent pour fabriquer et assembler en France, et ainsi reconstruire un tissus industriel complet autour du vélo, avec de l’activité économique et des emplois qui se créent.
Et dire que toute cette belle machine que le gouvernement avait choisi d’entraîner avec les 2 milliards d’euros promis dans le cadre du grand Plan Vélo va devoir faire sans subventions publiques. En effet, comme nous pouvions le craindre au début du mois d’octobre lors des premiers débats autour du budget 2025, alertés par des associations d’usagers telles que la FUB, le Plan Vélo va bel et bien perdre ses crédits.
Les 400 collectivités ayant participé au dernier appel à projets prévoyant 125 millions d’euros d’argent public pour développer le réseau cyclable, proposer de nouveaux aménagements plus protecteurs pour les cyclistes, créer des places de stationnement, ne verront – a priori – aucun denier de l’Etat pour participer aux travaux. Autant dire que la majorité de ces projets ne verra pas le jour, ou en tout cas pas dans les mois à venir.
Une lettre ouverte et une pétition
Et pourtant, nous venons de le résumer en introduction, favoriser l’usage du vélo à plus grande échelle dans notre pays est, en soi, une politique publique gagnante : moins d’accidents sur les routes, des citoyens en meilleure santé, une activité économique qui se développe… C’est la raison pour laquelle ce mercredi 6 novembre, des dizaines de collectivités territoriales se sont réunies pour demander au gouvernement de maintenir le financement du Plan Vélo.
« La suppression pure et simple d’une politique publique prometteuse, efficace et nécessaire est juste totalement inacceptable« , déclarent les communes, départements et régions réunies au sein du CVTCM, le Club des villes et territoires cyclables et marchables.
On l’a dit, le Plan Vélo, c’était à la base 2 milliards d’investissements répartis jusqu’en 2027, mais également des promesses faites ces dernières années quant à la poursuite de cette politique publique pro-vélo au-delà de cette échéance.
Dès lors, constater que les 304 millions d’euros alloués au « Fonds mobilités actives » n’a pas été simplement réduit, mais tout bonnement supprimé de la loi de finances 2025, met en colère usagers, élus, acteurs associatifs… bref, tout le petit monde qui se débat au quotidien pour faire du vélo une pratique sûre, agréable, bénéfique pour tous.
Rupture de confiance
Dans une lettre ouverte au gouvernement, cosignée par le CVTCM et Vélo et Territoires qui coordonne le réseau national cyclable, on dénonce à juste titre une « rupture de confiance ». « Les collectivités se sont engagées avec détermination dans des politiques cyclables soutenues par un Plan vélo pluriannuel ambitieux. Aujourd’hui, l’Etat leur coupe l’herbe sous le pied en plein élan, à 18 mois d’échéances électorales stratégiques (…) Tout retour en arrière est inenvisageable », peut-on y lire.
Cités par France Info, François Cuillerier (Association des Maires de France) et Françoise Rossignol (présidente du CVTCM) expriment cette colère et se sentent aujourd’hui « démunis ». « Ça va nous mettre un coup d’arrêt pour trois à quatre ans« , disent-ils. Ils craignent en effet que tout soit arrêter dans l’attente des élections municipales de 2026, et qu’après celles-ci il faille encore attendre de longs mois pour que les projets soient remontés.
En outre, les acteurs du Plan Vélo demandent à l’Etat de poursuivre son engagement au profit des territoires peu denses, évoquant « une dynamique essentielle ». Il est vrai que plusieurs territoires ont su montrer que le vélo pouvait aussi se développer efficacement en milieu rural, autour de villes de taille moyenne et qu’il y a toute sa place. Or, plus il y aura de territoires qui transformeront leurs politiques cyclables en réussites, plus cela encouragera les autres à s’y mettre.
« Non, les infrastructures cyclables ne relèvent pas que du local : elles ont besoin du soutien national pour rejoindre le peloton de tête des pays cyclables européens, nous en sommes loin ! La suppression pure et simple d’une politique publique prometteuse, efficace et nécessaire est juste totalement inacceptable », conclut la lettre ouverte qui se transforme en pétition, invitant un maximum d’élus locaux et territoriaux à défendre le Plan Vélo.
- Mis à jour le 25 novembre 2024