Vélo et société

Les pistes cyclables sont bonnes pour le commerce

Malgré les a priori des commerçants, de nombreuses études tendent à démontrer que les aménagements cyclables sont globalement bons pour les affaires.

Aux Pays-Bas. © Unsplash – Gautam Krishnan

En bref :

  • Etudes et experts sont unanimes, l’installation de pistes cyclables n’est pas néfaste pour le commerce, bien au contraire.
  • Si, dans de rares cas, l’adoucissement d’une rue peut pénaliser certains types de commerces, la plupart du temps cela permet aux commerçants d’augmenter leur chiffre d’affaires.

Adam Rogers, journaliste chez Business Insider, s’est penché sur l’impact économique des pistes cyclables pour les commerçants. Il a ainsi disséqué 32 études sur le sujet, publiées au cours des 40 dernières années. Et le constat fait par les chercheurs est grosso modo toujours le même : « Rendre les rues plus adaptées aux vélos – et les trottoirs plus conviviaux pour les piétons – est en réalité bénéfique pour les affaires ».

Pourtant, du côté des commerçants, l’installation d’une piste cyclable en lieu et place de stationnements pour les voitures devant leurs échoppes est aujourd’hui encore très souvent vécu comme un drame qui se traduira inévitablement par une perte de chiffre d’affaires. Une crainte qui, selon le journaliste, ne repose sur aucune étude sérieuse.

A San Francisco. © Unsplash – Joey Banks

Etudes qui, d’ailleurs, prouvent que les chefs d’entreprises surestiment le nombre de clients qui se rendent dans leurs magasins en voiture plutôt qu’en vélo ou à pied. C’est même le cas à Los Angeles, paradis des déplacements en voiture, où une étude montrait que plus de 50 % des propriétaires de boutiques pensaient que leur clientèle venait en voiture. En réalité, ce mode de transport ne représentait que 15 % des clients.

Des aménagements plutôt vertueux

Dans la plupart des études qualifiées analysées, il est démontré que la construction d’aménagements cyclables n’a eu – au pire – aucun effet tangible ou – au mieux – des effets économiques positifs à très positifs dans des quartiers aux caractéristiques bien différentes (situation, densité, etc.). Que ce soit à Los Angeles, à New York, ou dans les villes d’Etats plus ruraux aux Etats-Unis, les études arrivent souvent à la même conclusion : le vélo adoucit les rues, or plus les rues sont accueillantes – notamment pour les piétons – plus elles génèrent d’activité économique.

On pourrait aussi reprendre ici un argument cher à Stein Van Oosteren, auteur de « Pourquoi pas le vélo », qui veut que les voitures et autres camionnettes garées dans les rues invisibilisent les commerces qui se trouvent derrière ces rangées de stationnement.

Il existe néanmoins des cas d’étude dans lesquels de nouveaux aménagements cyclables n’ont pas entraîné de hausse significative de l’activité économique. Ce fut notamment le cas à San Francisco, dans des zones commerciales plutôt denses où le trafic routier était, de base, assez réduit. « Si l’on pense à un quartier animé du centre-ville, il n’y a pas beaucoup de places de stationnement par rapport au nombre de personnes qui fréquentent les commerces. Dans ce cas-ci, les pistes cyclables ne semblent pas beaucoup aider les entreprises. Mais dans l’ensemble, cela ne leur a pas fait de mal », explique Joseph Poirier, chercheur en urbanisme cité par Adam Rogers.

Le cas à part des stations-service et des magasins de meubles

De la même manière, certaines constatations assez naturelles sont faites : lorsque l’on pénalise la voiture aux bénéfices du vélo, certains types de commerces particuliers peuvent effectivement en pâtir. Les spécialistes en citent principalement deux : les stations-service et les magasins d’ameublement. Rien d’illogique.

Au Luxembourg. © Unsplash – Dylan Leagh

De la même manière, il existe des contre-exemples. Des rues dans lesquelles un vrai travail a été fait pour donner sa place au vélo mais dans lesquelles rien n’a changé pour les commerçants. « Lorsqu’une voie est peu accueillante, avec beaucoup de circulation et des vitesses élevées, améliorer la situation des vélos ou des piétons ne suffit pas toujours à modifier la dynamique du quartier. On ne peut pas gagner à tous les coups non plus » explique Jenny Liu, directeur des études urbaines de Portland, qui ajoute : « Globalement on constate que si certaines entreprises profitent davantage de ces aménagements, l’activité commerciale globale des autres commerces restent toujours à peu près stable ».

Et Larisa Ortiz, directrice du cabinet de conseil en urbanisme Streetsense, de conclure : « L’une des solutions qui permettrait de rassurer les commerces récalcitrants est la plus américaine de toutes : leur donner de l’argent. On pourrait imaginer un fonds dans les budgets d’aménagements urbains favorables aux vélos afin de dédommager les entreprises pour lesquelles ces changements induiraient une perte de chiffre d’affaires ». Ce pourrait en effet être une solution pour lever les dernières craintes.

Source : Le Concentré Vélo (newsletter)

  • Publié le 15 mai 2024

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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