Vélo et société

Mavic va fermer son usine de l’Ain et supprimer une trentaine d’emplois

Spécialiste français des roues de vélo et marque historique du cyclisme sportif, Mavic subit de plein fouet la morosité actuelle du marché du cycle. L’entreprise a annoncé la fermeture prochaine de l’une de ses deux dernières usines en France, entraînant le licenciement d’une trentaine de salariés.

© Mavic

En bref :

  • Mavic va fermer son usine de Saint-Trivier-sur-Moignans (Ain).
  • Cette fermeture va entraîner la suppression de 25 à 30 emplois sur les 110 salariés que compte Mavic en France.
  • Le siège social de Chavanod, où sont fabriquées certaines roues carbone haut de gamme, sera le dernier atelier de la marque en France.

Le prestigieux équipementier français Mavic va fermer son site de production de Saint-Trivier-sur-Moignans, dans l’Ain. Révélée par nos confrères de L’Informé, cette information tombe alors que l’entreprise avait précisément investi dans cette usine, afin de moderniser son outil productif.

Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) a été mis en place. Alors que la production pourrait s’arrêter dès le mois de janvier 2025, la fermeture de cette usine occasionnera le licenciement de 25 à 30 personnes. A ce jour, Mavic emploie 110 salariés en France.

Après l’euphorie post-covid, la crise du vélo

Jean-Michel Bourrelier, directeur général du groupe Bourrelier qui détient Mavic, tenait à conserver un ancrage industriel en France. En reprenant cette marque historique de l’univers du cycle à l’été 2020, il espérait pouvoir profiter d’un marché du vélo qui surperformait pour relancer l’activité et pérenniser cette production française. L’idée étant de capitaliser sur la forte notoriété de Mavic et son savoir-faire dans le domaine des roues, auprès d’une clientèle en quête de performance.

On sait bien que la sortie du confinement a été un véritable détonateur pour le marché dans le monde entier, avec une croissance très forte, des chiffres de vente jamais vus et une effervescence incroyable sur tous les segments.

« Quand nous avons repris Mavic à la barre du tribunal de commerce en juillet 2020, en plein Covid-19, le marché du cycle avait le vent dans le dos, avec des ventes qui progressaient fortement (…) Cela aurait pu fonctionner, avec davantage de volumes, estime le patron. Rappelez-vous l’effervescence du marché à l’époque, avec toutes ces créations de marques de vélos« , explique Jean-Michel Bourrelier à nos confrères. Si bien qu’en 2021, Mavic avait réalisé 57 embauches et vu son chiffre d’affaires progresser de 20 %.

Or, depuis 2023, un sévère rattrapage s’opère et les ventes dégringolent, sur un marché en overdose de vélos stockés par les fabricants. Résultat, la production mondiale a très fortement ralenti, entraînant une chute drastique de la demande chez les fournisseurs de composants, dont Mavic. Or pour Mavic qui joue à nouveau sa survie, le retour à la rentabilité est un objectif vital. D’autant plus que les principales études de marché n’envisagent plus un retour à la croissance en 2025, mais en 2026.

Si Mavic avait dégagé 288 000 euros de résultat net en 2022 (sur 50,3 millions de chiffre d’affaires), l’entreprise a perdu 13 millions d’euros en 2023 (sur 42,6 millions de CA) et pourrait perdre à nouveau 10 millions d’euros en 2024. L’Informé rappelle que Mavic réalisait 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2015…

Une production transférée en Roumanie

Aujourd’hui, l’actionnaire assume donc de devoir absolument réduire son coût d’exploitation, en espérant que le directeur général Alberto Morgando, nommé en mars dernier, parvienne à trouver les moyens de développer à nouveau l’activité de Mavic.

Cela pourrait, par exemple, passer par le très prometteur moteur Mavic X-Tend présenté au printemps 2023, qui semble avoir les atouts technologiques pour séduire les cyclistes passionnés intéressés par l’électrification légère. Ceci dit, la marque nous avait expliqué en juin dernier qu’il ne fallait certainement pas s’attendre à une commercialisation de ce dernier avant 2026, « au plus tôt ».

En attendant, Mavic va réorienter la production du site prochainement fermé vers les usines de son sous-traitant en Roumanie. Sur ses terres historiques, à Chavanod près d’Annecy, Mavic avait installé son nouveau siège social pour y regrouper ses activités de R&D ainsi que ses services supports, les processus de préindustrialisation et une petite ligne de fabrication pour les roues carbone haut de gamme. Cela sera bientôt le dernier site industriel de la marque en France.

  • Publié le 14 novembre 2024

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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