Vélo et société

Paris, un modèle cyclable dont viennent s’inspirer les Anglais

Paris attire, et pas seulement pour ses monuments et son architecture. Derniers visiteurs en date : une délégation de députés britanniques venus pédaler dans la capitale française pour comprendre comment la ville a enclenché, en quelques années, une véritable révolution cyclable.

En bref :

  • En quelques années, Paris est passée du symbole du trafic automobile à celui de la transition cyclable.
  • La capitale investit des millions pour étendre son réseau et créer 100 000 places de stationnement vélo d’ici 2026.
  • Une transformation qui inspire désormais les villes étrangères, jusqu’aux députés britanniques venus en prendre de la graine.

Alors que Londres, Amsterdam ou Copenhague faisaient figure de références, c’est aujourd’hui Paris qui crée la surprise dans l’univers vélo. Son virage cyclable, amorcé sous la mandature d’Anne Hidalgo, a transformé l’espace public et inspiré au-delà des frontières. Une délégation du Parlement britannique, emmenée par le groupe « Cycling & Walking », est venue rouler, échanger et tirer les leçons d’une métamorphose urbaine sans précédent.

Ces députés britanniques, on les a vus débouler à la Gare du Nord. Pas en convoi ministériel ni en SUV noir, mais en train, sac à dos sur l’épaule. Objectif : comprendre comment Paris est passée, en une décennie, d’un trafic infernal à une ville où le vélo s’impose désormais comme un vrai moyen de transport.

La délégation britannique, emmenée par le groupe parlementaire pour le cyclisme et la marche (APPGCW), est venue en observateurs curieux. Au programme : pédaler, échanger, et repartir avec des idées plein les sacoches.

Une journée à vélo

Dès la sortie de la gare, les élus et techniciens britanniques enfourchent des vélos électriques Lime (partenaire de ce déplacement) pour une virée à travers Paris. Direction les grands axes métamorphosés depuis la pandémie : rue de Rivoli, boulevard Sébastopol, quais de Seine…

Ces artères, autrefois livrées aux voitures, sont désormais le royaume des cyclistes et des familles en vélo-cargo. « Ce qui frappe, c’est la continuité des itinéraires », note un participant. « On ne se retrouve plus coincé entre deux files de voitures : ici, la piste est partout. »

Et pour cause : depuis 2020, la mairie a pérennisé la plupart des “coronapistes” créées en urgence, avant d’en faire la colonne vertébrale d’un réseau cyclable métropolitain.

A l’Hôtel de Ville, les élus parisiens présentent le Plan Vélo 2021-2026, un investissement colossal pour bâtir 180 km de pistes supplémentaires, créer 100 000 places de stationnement et faire de Paris une « ville 100 % cyclable ».

Le mot d’ordre, ici, est la vitesse d’exécution. « On fait, puis on ajuste » : une philosophie bien différente de la prudence britannique, où chaque aménagement est souvent précédé d’années d’études et de concertations.

La politique, mais aussi la culture cyclable

Cette délégation a ensuite pu rencontrer Paris en Selle, l’association qui pousse depuis 2015 pour un réseau cyclable cohérent. Rappel utile, la transformation de Paris ne vient pas d’en haut, mais d’une mobilisation citoyenne constante.

Résultat : en 2024, plus d’un déplacement sur dix s’y fait à vélo, et la culture cyclable s’installe dans la vie quotidienne. Du livreur à la prof de banlieue, du parent aux retraités actifs. Bien sûr, comme dans toutes les grandes villes et capitales, les embouteillages persistent. Mais l’air, lui, s’est un peu allégé (la concentration en dioxyde d’azote a baissé de 45 % en dix ans, les particules fines de 35 % – cf. étude).

« Quand la volonté politique et les investissements se conjuguent, tout devient possible. Paris nous montre à quelle vitesse une ville peut changer son visage. (…) Ce voyage a été très enrichissant pour mieux comprendre ce qui est possible, et je me réjouis de travailler avec des collègues de tous horizons politiques afin d’intégrer ces connaissances dans notre travail au sein de l’APPG. », déclare Fabian Hamilton, président du groupe parlementaire britannique.

Les visiteurs repartent impressionnés : pistes bidirectionnelles protégées, zones 30, ponts cyclables, écoles apaisées… Paris leur offre une démonstration grandeur nature de ce que peut être une politique cyclable assumée.

Faire des JO un point de départ, pas la ligne d’arrivée

Les Jeux olympiques ont servi de catalyseur pour accélérer le vélo dans Paris. L’après-JO est le vrai test : relier les arrondissements périphériques, verdir les rues scolaires, multiplier les “rues aux enfants”.

Nous constatons que le chantier vélo de la capitale ne s’est pas arrêté une fois les olympiades terminées, et c’est tant mieux, car il reste beaucoup à faire. A Paris, mais aussi et surtout autour de la capitale, pour permettre à davantage d’habitants des banlieues d’utiliser sereinement le vélo dans leurs trajets quotidiens vers et au retour de la capitale.

Mais alors que les délégations étrangères défilent, Paris peut tout de même s’enorgueillir d’être devenu à son tour un modèle international de politiques cyclables, après s’être elle même inspirée des modèles européens du genre.

  • Publié le 8 novembre 2025

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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