Vélo et société

Ventes de vélos : pourquoi la France est en retard sur ses voisins ?

Pourquoi le VAE peine à s’imposer en France autant que chez certains de nos voisins, notamment allemands ? Plusieurs éléments de réponses ont été apportés lors de la présentation de l’observatoire du cycle 2025.

En bref :

  • L’écart entre les marchés du cycle français et allemand est colossal.
  • Il s’est vendu presque 4 fois plus de VAE en Allemagne qu’en France en 2024.
  • Infrastructures, aides à l’achat, leasing… plusieurs raisons sont évoquées.

L’Union Sport et Cycle a de nouveau choisi l’évènement Vélo in Paris, qui se tient du 25 au 27 avril cette année au Parc Floral, pour présenter les résultats de son observatoire du cycle 2025. Un grand bilan des réussites et des échecs connus par le marché du vélo en France en 2024, dont les chiffres de ventes dont nous vous parlons par ailleurs.

La France a 5 ans de retard sur l’Allemagne

Lors de la présentation des résultats, l’écart entre la France et certains de ses voisins comme l’Allemagne a été souligné. Alors que le marché du vélo a encore reculé par rapport à 2023 en France, le vélo à assistance électrique apparait comme le sauveur d’une industrie en difficulté. En effet, par son prix plus élevé, le VAE compense en partie la baisse des volumes de vente. Ainsi les ventes de vélos ont-elles baissé de 12 % en 2024, alors que le marché n’a reculé « que » de 8,3 % dans le même temps en valeur.

L’effet est plus parlant encore si l’on considère l’année 2019, soit avant la pandémie de Covid 19. Les volumes ont baissé de 26 % entre 2019 et 2024, alors que la croissance en valeur est de 33 %. L’effet « vélo électrique » est donc bien perceptible, le prix de vente moyen d’un VAE est passé de 1000 à 2000 € environ.

Toutefois, en France, on s’interroge sur les raisons qui font qu’il s’est vendu 2,1 millions de VAE en Allemagne en 2024, contre 565 000 seulement de l’autre côté du Rhin. Cela avec un prix de vente moyen bien plus élevé en Allemagne : 2650 € (en net recul par rapport à 2023). Le VAE représente 53 % du volume de vélos vendus en Allemagne en 2024.

Les infrastructures, clé de voûte d’une politique cyclable

Comment expliquer ces différences ? Tout d’abord, les infrastructures sont citées. « Pistes cyclables, infrastructures, stationnement et sécurisation ont une tout autre dimension en Allemagne, ça aide et tire le marché », avance l’un des intervenants. Pour nous être rendus il y a quelques jours seulement du côté de Münster, dans le nord-est de l’Allemagne, nous pouvons confirmer que la France est très loin du compte.

Beaucoup s’accordent sur le fait que des infrastructures plus denses, mieux pensées et sécurisées attirent naturellement des cyclistes. La France semble prendre le problème à l’envers. Avec le récent coup d’arrêt mis au Plan vélo, qui prévoyait 250 millions d’euros d’investissement sur 5 ans, ressuscité ensuite à hauteur de 50 millions d’euros, l’Hexagone ne risque pas de combler son retard de ce point de vue.

L’État et les collectivités ont un rôle évident à jouer, mais les entreprises peuvent elles aussi faire avancer le vélo. En France, 19 127 vélos ont été vendus à des flottes d’entreprises, en hausse de 16 % par rapport à 2024. En Allemagne, ce sont 2 millions de vélos qui sont comptabilisés dans les flottes d’entreprises.

Un modèle de leasing dont une partie est prise en charge par l’employeur rencontre un net succès outre-Rhin. Ainsi, 1 vélo sur 3 a été acquis par ce biais en Allemagne en 2024, d’après l’association de l’industrie du vélo en Allemagne (ZIV).

Les aides à l’achat doivent revenir

Une autre raison à cet écart entre marchés français et allemand est pointée : les aides à l’achat. En France, l’État a mis fin à l’aide qui était proposée sous conditions de ressources. Patrick Guinard, président de la commission Cycle de l’USC déplore : « les aides à l’achat représentent 4500 € par voiture électrique vendue en France, c’est énorme. Il y a un problème. » « En plus, ces aides sont sans condition de revenu, et ça continue, par contre, nous on nous a tout coupé », se lamente-t-il. M. Guinard pointe également le peu de crédit qui est apporté aux vertus du VAE en matière de santé.

Le président de la commission Cycle terminera même son intervention en déclarant : « Il nous faut une vraie politique cyclable, un vrai plan vélo. Il nous faut un plan vélo, ça fonctionne, on l’a démontré, on en a besoin. Avec de l’aide à l’achat sans condition de revenus et là le marché repartira comme une fusée ! »

Et un responsable d’Intersport d’abonder : « en 2017 le marché était faible, l’aide était super simple : 200€ d’aide pour tout le monde. Très simple. Tout le monde a pu s’y mettre et comprendre l’intérêt du vélo électrique. On peut se déplacer et faire du sport sans être un athlète. On gagne de la part modale, on baisse le CO2 et on gagne des gens en meilleure santé. »

Un argument appuyé par deux données : plus de la moitié des gens qui achètent un VAE réduisent leur utilisation de la voiture. Mieux encore, 7 % de ces acheteurs abandonnent leur voiture. Plus tôt dans la conférence, André Ghestem, directeur de la commission Cycle et mobilité active de l’USC, avançait le chiffre de 200 millions d’euros d’économie estimée pour le ministère de la Santé.

  • Publié le 25 avril 2025

Journaliste à vélo, expatrié dans le Luberon. Persuadé d'être un sniper de l'humour, qui ne rate jamais sa cible.

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