La traque aux faux vélos Specialized porte ses fruits : un coup de filet historique
Specialized a démantelé un vaste réseau de contrefaçon en Chine, révélant des milliers de faux cadres et composants haut de gamme. Une affaire massive qui souligne autant l’ampleur du trafic que les dangers réels pour les cyclistes.

En bref :
- Deux usines produisant des copies industrielles de cadres, roues et pièces Specialized (dont le Tarmac SL8) ont été fermées, pour un butin total de plus de 1,6 million de dollars.
- L’enquête menée avec AliExpress a permis l’arrestation de plusieurs individus et la découverte d’un réseau incluant 250 sites frauduleux.
- Au-delà de la fraude, les contrefaçons présentent des risques majeurs de sécurité, rappelant aux cyclistes la nécessité de se méfier des « bonnes affaires » trop alléchantes.
Specialized vient d’annoncer le démantèlement du plus vaste réseau de contrefaçon de son histoire. L’opération, menée en coopération avec AliExpress et les autorités chinoises, a conduit à l’arrestation de plusieurs individus et à la saisie d’un volume impressionnant de matériel. Deux usines ont été mises hors service, révélant une production industrielle de faux cadres, fourches, roues et composants minutieusement copiés sur les modèles haut de gamme du constructeur américain.
Beaucoup de carbone contrefait
Au total, plus de 1,6 million de dollars de marchandises ont été récupérées. Parmi les imitations découvertes, on retrouve des copies du très médiatisé S-Works Tarmac SL8, mais aussi toute une galaxie de pièces estampillées « Roval », prêtes à tromper n’importe quel acheteur mal informé. L’enquête a même mis au jour des milliers d’autocollants destinés à habiller ces contrefaçons comme de véritables produits premium. Et Specialized n’est pas la seule victime : d’autres marques de prestige, comme Pinarello, Cervélo ou Trek, apparaissent également dans les saisies.
Les chiffres font froid dans le dos. On parle quand même de près de 10 000 jeux d’autocollants, l’équivalent de 1,1 million de dollars de cadres de Tarmax SL8 contrefaits, 1700 annonces Facebook et 250 sites frauduleux repérés, etc. 7 individus ont été arrêtés et sont désormais poursuivis en justice.
De vrais risques pour la sécurité
Au-delà de l’atteinte évidente aux droits des marques, cette affaire remet en lumière une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : la contrefaçon n’est pas seulement une question de fraude économique. C’est aussi un risque pour celles et ceux qui roulent.

Les tests réalisés sur certains cadres ou casques contrefaits sont édifiants : ruptures précoces, matériaux instables, résistances très inférieures aux normes. Des défauts invisibles à l’œil nu mais potentiellement dramatiques en usage réel. « Ces produits ne font pas qu’exploiter des consommateurs, ils mettent en danger les cyclistes et sapent la confiance dans les équipements authentiques », rappelle un responsable de Specialized.
Plusieurs années d’enquête
Si cette opération marque les esprits, c’est aussi parce qu’elle montre que la lutte contre la contrefaçon peut évoluer. Pendant longtemps, les marques se sont contentées de faire supprimer des annonces suspectes sur les plateformes. Désormais, elles remontent la chaîne complète : tests d’achats, analyses numériques, collaborations avec les plateformes et, surtout, interventions directes auprès des fabricants.
Ce modèle semble porter ses fruits : les informations fournies par AliExpress ont joué un rôle crucial pour identifier les sites de production et mener l’enquête jusqu’à son terme. Cela fait plusieurs années que Specialized collabore avec la société chinoise pour mettre à jour ces trafics de produits contrefaits.
Attention aux trop bons plans
Pour les cyclistes, cette affaire sonne comme un avertissement. La tentation du « bon plan » n’a jamais été aussi forte, surtout quand les prix du vélo explosent. Encore plus avec une marque comme Specialized qui dispose d’une énorme aura chez les cyclistes, mais pratique des prix jugés inaccessibles pour l’immense majorité d’entre eux.
Un contexte qui rend chaque « bonne affaire » encore plus désirable, et crée donc un véritable marché pour les escrocs. Car derrière certaines offres improbables se cachent parfois des produits qui n’ont, au mieux, que l’apparence de l’original. Et la sécurité n’est jamais un domaine où l’on peut jouer à la loterie.
Ce démantèlement n’éradiquera pas la contrefaçon du jour au lendemain. Il envoie cependant un message clair : les marques, les plateformes et les autorités semblent prêtes à collaborer pour arrêter ces trafics. A notre niveau, cela rappelle qu’il faut se méfier des trop belles affaires et s’assurer d’apporter sa confiance à des entreprises qui la mérite en faisant nos achats.
Sources : Matos Vélo ; Cycling Weekly
- Publié le 9 décembre 2025