Vélos trekking électriques

On a roulé avec le Rockrider E-ACTV 100, nouveau vélo électrique de Decathlon à 999 €

Decathlon sortira au mois de mars un nouveau vélo électrique de randonnée à seulement 1000 €. Un tarif très agressif pour un vélo qui ne manque pas d’arguments. Nous avons pu l’essayer.

Decathlon a simplifié son offre et acté l’entrée des vélos de randonnée E-ACTV sous la marque Rockrider, il y a encore peu réservée aux seuls VTT. Le Rockrider E-ACTV 100 qui sera commercialisé au mois de mars par l’enseigne vient finir de moderniser la nouvelle gamme par le bas. Ce vélo à assistance électrique d’entrée de gamme est affiché au prix de vente extrêmement compétitif de 999 euros. Une alternative beaucoup plus économique aux E-ACTV 500 à 1999 € et E-ACTV 900 vendu 2699 € (tous deux déjà testés par nos soins).

Pour autant, ce n’est pas un vélo au rabais. Loin de là. En tout cas, sa présentation globale et l’image qu’il renvoie sont très éloignées de celles que l’on pouvait se faire d’un VAE à 1000 euros il y a encore peu de temps. Le vélo laisse, par exemple, une bien meilleure impression visuelle que le Riverside 100 E qu’il vient remplacer et auquel il emprunte certains composants.

Un vrai défi en termes de conception

Il faut dire qu’à en croire les discussions que nous avons pu avoir avec les responsables du produit chez Decathlon, ce vélo est le fruit d’intenses séances de brainstorming, de choix audacieux sur la production et d’arbitrages dictés par les résultats de séances de testing itératives auprès d’utilisateurs répondant aux aspirations du public cible.

En résumé, « arriver à ce résultat vues les fortes contraintes que nous avions, notamment en terme d’enveloppe tarifaire, c’est quelque chose dont nous sommes assez fiers aujourd’hui », reconnaît César Bygodt, responsable marketing chez Rockrider Trekking.

Deux points importants attirent particulièrement notre attention : le travail sur le cadre et le choix d’un simple capteur de pédalage (qui a mauvaise presse) par rapport à un capteur de couple.

Concernant le cadre en aluminium, Decathlon savait qu’il ne pourrait mouler ses tubes en coquille par gravité (gravity casting) pour des questions de tarifs. Ce procédé permet d’obtenir un cadre très rigide, mais il reste cher. Pour autant, l’enseigne souhaitait absolument pouvoir proposer un design assez travaillé, fidèle aux lignes des autres vélos E-ACTV. Alors le choix de production des tubes s’est porté sur l’hydroformage, un procédé plus rapide et moins onéreux. Le difficulté étant d’intégrer la batterie dans le cadre tout en utilisant le procédé d’hydroformage et en conservant une bonne rigidité de l’ensemble.

Le résultat est plutôt réussi, avec un niveau de finition tout à fait correct et des lignes relativement épurées. Précisons d’emblée que le vélo sortira en deux versions : blanc à cadre ouvert (col de cygne avec un renfort sous la forme d’une poignée) et gris à cadre fermé (qui obligera à passer la jambe par-dessus la selle pour l’enjambement). Dans les deux cas, deux tailles seront proposées : S/M et L/XL.

En revanche, pour des questions de prix, ce vélo d’un poids de 23 kg n’est pas assemblé à Lille mais dans les usines italienne et roumaine de l’enseigne.

Pas de capteur de couple, mais…

Du côté du capteur, Decathlon nous indique avoir procédé à plusieurs phases de test à l’aveugle pour déterminer les attentes des consommateurs, entre des capteurs de couple d’entrée de gamme ou un simple capteur de pédalage amélioré. In fine, c’est la deuxième solution qui a été retenue. « C’est vrai que les capteurs de couple peu chers peuvent être assez mauvais et au final, un capteur de pédalage peut être plus satisfaisant à utiliser », affirme César Bygodt.

On nous apprend que 24 aimants ont été intégrés à ce capteur de rotation pour gagner en réactivité afin d’obtenir une assistance plus douce et fluide.

Notre essai du vélo nous a permis de constater que le comportement du moteur arrière développant jusqu’à 45 Nm, en lien avec ce capteur, est tout de même assez loin de proposer un pédalage aussi naturel que sur les vélos à capteur de couple.

En revanche, sur les deux premiers modes d’assistance « Eco » et « Normal », on évite le côté « coup de pied au cul » généralement constaté sur ce genre de motorisations et l’on peut adopter des vitesses de circulation modérées sans trop forcer. Aussi, on évite les moments parfois un peu gênants (voire dangereux) quand le moteur s’active trop fort lorsque l’on joue en équilibre, presque à l’arrêt, anticipant un redémarrage.

Deux modes dans lesquels le vélo s’est montré très plaisant à rouler lors de notre traversée hivernale du centre de Paris. Le mode « Eco » promet de pouvoir se faire des balades semi-sportives assez plaisantes et le mode « Normal » de boucler sans trop d’effort mais en pédalant juste ce qu’il faut ses trajets quotidiens.

En mode « Boost », l’assistance est évidemment beaucoup plus forte. Le vélo devient tout de suite plus dynamique, les Watts à envoyer avec les jambes beaucoup moins importants, mais les sensations ne sont plus du tout les mêmes. On se rend bien compte qu’il suffit de faire semblant de pédaler pour bénéficier d’un effet « mobylette » qui, en tant que cyclistes, peut déplaire. En revanche, nul doute que le vélo sera beaucoup plus à son aise pour franchir les montées sans se fatiguer dans ce mode.

Ce mode est souvent apprécié des débutants ou de ceux qui découvrent le vélo par son effet « wahou ». Dans les faits, il reste peu agréable à utiliser. Il est impossible de suivre un cycliste qui n’est pas à la même allure. Soit on fait semblant de pédaler et le vélo est propulsé aux alentours des 25 km/h, soit on arrête de pédaler pour allez moins vite. Impossible de réguler précisément sa vitesse comme c’est le cas avec un vélo électrique équipé d’un capteur de couple.

6 vitesses et freinage à câbles

Pour le reste, ce Rockrider E-ACTV 100 s’appuie sur une transmission à 6 vitesses avec un dérailleur Btwin d’entrée de gamme (avec poignée tournante). On sent bien que la plage de développement n’est pas très étendue et il y a parfois de gros écarts entre deux vitesses. Fort heureusement, l’apport de l’assistance améliore la progressivité et la polyvalence du vélo. Les passages de vitesse craquent facilement si l’on ne relâche pas suffisamment le pédalage et la réactivité et la précision sont justes passables. Mais vu le positionnement du produit, cela devrait être suffisant pour assurer l’essentiel lors des déplacements réguliers et des balades à la cool du WE.

Des balades qui pourront se prolonger entre 35 et 50 à 60 km environ, grâce à une batterie modeste de 356 Wh. Batterie amovible et protégée par une serrure qui a le bon goût d’intégrer une petite poignée pour faciliter son transport.

C’est un peu le même constat côté freinage : peut mieux faire. On s’attendait à des prestations moyennes avec des freins à disque mécaniques et, effectivement, nous avons trouvé cela un peu mou avec un clair manque de mordant. Manque de rodage (sans doute) ou réglage à améliorer (possible), Decathlon assume une performance au freinage forcément moins bonne que sur des freins plus haut de gamme.

« Nous n’avons pas eu de red flags des premiers testeurs sur ce point, et vu le public visé, des freinages trop brusques peuvent aussi être un problème », commente César. Reste que l’E-ACTV 100 que nous avons testé sortait de la première série de production et que des ajustements peuvent encore être faits. Les freins devraient être un peu plus mordants sur les vélos livrés en magasin.

Porte-bagages et béquille en option

Un petit mot sur la fourche suspendue qui vient améliorer le confort sur l’avant du vélo. C’est l’un des éléments du vélo qui nous a le plus surpris. En effet, les vélos d’entrée de gamme à suspensions sont souvent équipés de fourches au comportement décevant, mais Decathlon propose ici un modèle offrant 60 mm de débattement tout en souplesse. La réactivité reste limitée et la butée arrive assez vite sur les gros chocs, mais cette fourche remplit bien son rôle sur les dos d’âne, les descentes de trottoirs ou les pavés.

Confort complété par des pneus de qualité correcte, d’une section de 47 mm avec de petits crampons pour assurer sur les chemins. Des pneus qui atteignent 4/5 sur l’échelle de Decathlon en ce qui concerne la résistance aux crevaisons, ce qui est toujours bon à prendre.

Le Rockrider E-ACTV 100 est sinon équipé de garde-boues enveloppants, d’éclairages connectés à la batterie et d’une sonnette, mais on n’y trouve ni porte-bagages, ni béquille, ni antivol de roue. Pas de panique, les œillets permettant d’installer facilement ces équipements sont bien présents. Pour la sortie du vélo, un porte-bagages sera proposé à 49 € avec une béquille offerte, faisant monter la facture à 1 048 €. Une option qui devrait convaincre la plupart des clients voulant utiliser ce vélo au quotidien.

Petit plus : la présence d’un support SP Connect au niveau de la potence pour accueillir de manière esthétique son smartphone. L’application Decathlon Ride permettra de consulter certaines données basiques du vélo pendant ses activités, comme l’autonomie restante par exemple, en affichant sa vitesse ou la distance parcourue.

Un rapport qualité/prix difficile à battre ?

Au final, cet E-ACTV 100 est un vélo qu’il nous tarde de tester en conditions réelles sur une plus longue période pour nous faire un avis plus poussé. En effet, les arbitrages et le jeu d’équilibriste réalisés par Decathlon pour proposer un vélo électrique plaisant à un prix vraiment accessible sont très intéressants.

L’enseigne s’est fixé pour objectif de renouer avec son ADN de produits très grand public et cela pourrait bien faire mouche. Certes, tout ne s’annonce pas parfait – et c’est bien normal – mais ce vélo pourrait en tout cas s’imposer comme l’un des plus intéressants du marché à ce prix-là, si ce n’est le choix n°1…

  • Publié le 5 février 2025

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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