Giant : les douanes américaines bloquent des vélos en raison d’allégations de travail forcé
Les douanes américaines (Customs and Border protection) ont annoncé mercredi qu’elles bloquaient l’entrée sur le territoire de vélos, pièces et accessoires fabriqués à Taïwan par Giant, soupçonné d’avoir recours au travail forcé. Cette mesure concerne aussi bien les produits vendus sous les marques propres de Giant que ceux fabriqués pour d’autres enseignes.

En bref :
- Les États-Unis bloquent les importations de vélos Giant fabriqués à Taïwan.
- L’entreprise conteste et assure avoir déjà pris des mesures correctives.
- L’impact financier pourrait représenter 4 à 5 % du chiffre d’affaires du groupe.
En vertu d’une loi de 2011, la Customs and Border Protection (CBP) peut interdire toute marchandise produite avec du travail forcé. L’agence a donc émis un Withhold Release Order (WRO) visant les expéditions de Giant depuis Taïwan, empêchant leur mise sur le marché américain. Les usines du groupe en Chine et au Vietnam ne sont pas concernées. Il s’agit seulement du troisième WRO prononcé cette année, après des dossiers liés à une société de pêche chinoise et à une saline sud-coréenne.
Pour les USA, Giant fausse la concurrence
La CBP a relevé plusieurs indicateurs de travail forcé chez Giant : exploitation de la vulnérabilité des travailleurs, conditions de travail et de vie abusives, endettement forcé, retenues de salaires et heures supplémentaires excessives.
Selon l’agence américaine, Giant aurait profité de ces pratiques en produisant à bas coût et en faussant la concurrence avec les entreprises américaines. Les importateurs de cargaisons bloquées peuvent choisir de les détruire, de les réexporter, ou de prouver qu’elles sont conformes. Si Giant échoue à apporter des preuves suffisantes, la CBP pourrait transformer le WRO en « finding », permettant la saisie et la confiscation des marchandises — une mesure rare (un seul cas en 2024).
Une enquête au long court
En février, Le Monde diplomatique avait révélé que des travailleurs étrangers employés dans des usines de vélos taïwanaises, dont Giant, avaient versé jusqu’à 5 500 dollars à des recruteurs dans leur pays d’origine. Une fois sur place, certains devaient encore payer à des intermédiaires taïwanais des frais équivalents à deux mois de salaire portant sur des contrats de trois ans. Des pratiques similaires auraient été observées chez Merida, Maxxis et d’autres fabricants.
En réponse, Giant s’était engagé à prendre en charge ces frais. Dans son rapport annuel 2024, le groupe précise couvrir désormais les coûts de voyage, de visa, d’examens médicaux et de services d’agence pour les travailleurs migrants.
En mars, lors du salon Taipei Cycle, Giant et 81 autres industriels ont signé les « Règles de conduite en matière de droits humains » de la Bicycling Alliance for Sustainability, incluant l’adhésion à la Déclaration universelle des droits de l’homme.
D’autres marques du secteur sont également sous surveillance. En 2023, The Telegraph avait dénoncé des abus similaires dans une usine malaisienne sous-traitante de Shimano. Sous pression, le fabricant japonais aurait obtenu que les travailleurs étrangers soient indemnisés à hauteur de 3 000 dollars chacun.

Giant se défend
Dans un communiqué, Giant affirme avoir déjà réagi à ces révélations. L’entreprise dit désormais prendre en charge les frais de recrutement des employés étrangers et avoir amélioré leurs conditions de logement. Elle prévoit de saisir la CBP pour demander la levée du WRO et démontrer qu’elle a « déjà adopté les mesures appropriées ».
Le groupe reconnaît que les expéditions vers les États-Unis pourraient être retardées ou soumises à des inspections, mais assure mettre en place des solutions pour limiter l’impact. Giant réaffirme son « engagement à protéger les droits des travailleurs par des actions concrètes et assurer un développement transparent, équitable et durable ».
À la Bourse de Taipei, le constructeur a précisé que le WRO ne concerne que les exportations vers les États-Unis. L’impact financier est évalué à 4 à 5 % du chiffre d’affaires consolidé. L’an dernier, les ventes en Amérique représentaient moins de 9 % des revenus, incluant des produits fabriqués au Vietnam et en Chine, non concernés par la mesure.
- Publié le 26 septembre 2025