Composants

Le géant Shimano sanctionné pour abus envers ses sous-traitants

Le groupe Shimano se voit formellement mis en cause par la Commission du Commerce équitable japonaise (JFTC), accusé d’avoir imposé des conditions jugées abusives à ses prestataires.

En bref :

  • La justice japonaise a épinglé Shimano pour avoir fait stocker gratuitement ses équipements par 121 sous-traitants.
  • L’entreprise a reconnu les faits et promet d’indemniser les prestataires concernés.
  • L’affaire rappelle que la durabilité du vélo passe aussi par des pratiques économiques équitables.

Ce que reproche la JFTC à Shimano

Selon Frandroid, qui s’appuie sur le texte de la JFTC, Shimano a été sommée de cesser des « actes de sollicitation d’avantages économiques indus » envers ses sous-traitants. Plus concrètement, depuis le 1ᵉʳ décembre 2023, la firme aurait continué à requérir que ses prestataires prennent en charge gratuitement le stockage de moules, machines et outils appartenant à Shimano, même en l’absence de commandes.

La JFTC estime que cette pratique viole l’article 4, paragraphe 2, point 3 de la législation japonaise sur les sous-traitants (Subcontract Act), qui interdit de solliciter des gains économiques injustifiés. Ce sont 121 sous-traitants, et 4 313 moules ou équipements réquisitionnés pour stockage qui sont concernés.

Shimano se conforme, mais promet vigilance

Dans sa réponse officielle publiée le 17 septembre 2025, Shimano admet les faits reconnus par la JFTC et présente ses excuses. L’entreprise assure avoir déjà commencé à compenser les sous-traitants qui en ont fait la demande, après avoir évalué les coûts engagés. Pour ceux qui n’ont pas encore sollicité d’indemnisation, des discussions sont toujours en cours.

Concernant les moules ou équipements sans perspective de production future, Shimano indique qu’elle procédera à leur reprise ou élimination. Enfin, et peut-être plus important sur le long terme, le groupe promet une refonte de ses mécanismes internes de conformité, de formation et de supervision pour éviter toute récidive.

Pourquoi cette affaire compte pour l’industrie du vélo

Derrière ce rappel à l’ordre, c’est tout un rapport de force qui se dessine. Shimano, géant mondial du composant, n’est pas seulement un symbole d’innovation : c’est aussi un acteur incontournable dont dépendent des centaines d’entreprises. Lorsque la Commission du Commerce équitable japonaise lui reproche d’avoir abusé de sa position pour faire supporter des coûts à ses sous-traitants, c’est une mise en garde adressée à toute l’industrie.

Le vélo, souvent présenté comme le champion de la transition écologique, doit aussi montrer l’exemple sur le plan social et économique. Dans un secteur encore très concentré, où quelques marques dominent la chaîne de valeur, la tentation d’imposer ses conditions est forte. Mais la durabilité ne se résume pas aux matériaux ou à l’énergie : elle passe aussi par des relations équitables entre partenaires.

  • Publié le 8 octobre 2025

Journaliste à vélo, expatrié dans le Luberon. Persuadé d'être un sniper de l'humour, qui ne rate jamais sa cible.

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