Test – Clip Bike : le moyen le plus simple pour électrifier un vélo, mais pas le plus efficace

Le Clip est un kit d’électrification ultra-simple qui se fixe sans outil sur la fourche. Est-ce suffisant pour transformer un vélo classique en vélo électrique ?

CLIP Commuter

Présentation

Le Clip est un kit de conversion électrique pour les vélos musculaires tout-en-un embarquant le moteur et la batterie. Il s’installe sur la fourche avant sans outil et va venir entrainer la roue avant par friction. Il est compatible avec les vélos équipés de roues de 26, 27,5 et 28 pouces. En revanche, il n’est pas compatible avec les vélos équipés d’une fourche suspendue.

Puisqu’il se pose assez loin sur la roue avant, le kit d’électrification Clip est compatible avec les vélos équipés de garde-boues, ce que n’est pas le cas du Pikaboost 2 par exemple, qui vient s’appuyer sur la roue arrière.

Le Clip n’utilise pas de capteur de pédalage et déclenche l’assistance en fonction de la vitesse du pneu. La télécommande sans fil qui vient s’accrocher au guidon permet d’exploiter l’assistance au maximum dans les côtes ou au démarrage. L’assistance est assurée jusqu’à une vitesse de 24 km/h, mais comme nous allons le voir, le fonctionnement de l’assistance est un peu particulier.

Deux versions sont proposées. Le modèle Commuter que nous avons testé avec une batterie de 96 Wh et une autonomie d’environ 10 km; et le modèle Explorer embarquant une batterie de 192 Wh pour une autonomie annoncée de 20 km. Avec sa petite batterie, le Clip Commuter est autorisé en bagage cabine dans les avions ce qui n’est pas le cas du modèle Explorer.

Vélo et société

Prendre l’avion avec un vélo électrique, c’est possible ?

Le Clip mesure 42 cm de long pour 14 cm de large et 14 cm de hauteur ce qui a pour effet de donner un look un peu étrange à votre monture transformant le vélo en « licorne ». Il pèse 3,8 kg dans sa version avec la petite batterie et 4,4 kg avec la plus grosse batterie.

Le CLIP Commuter est actuellement affiché à 450 € alors que le modèle Explorer – avec la grosse batterie – est vendu 550 €. Dans les deux cas, il faut payer 50 € remboursables pour réserver le produit qui sera livré au printemps 2025.

Installation

Pour l’utiliser, la première chose à faire est de le retirer le gros bouton pour l’accrocher au guidon. Il faut choisir un emplacement facilement accessible pour le pouce, ce qui n’est pas toujours aisé. Ce gros bloc bouton est maintenu à l’aide d’un système aimanté sur le Clip.

On prend ensuite le Clip par la poignée, on déverrouille le loquet de sécurité et on remonte la poignée vers le haut. Cette opération va ouvrir les fixations destinées au maintien sur la fourche.

On vient ensuite placer les deux tampons en caoutchouc sur la fourche du vélo (juste en dessous des freins à patins ou assez haut sur la fourche dans le cas d’un vélo équipé de freins à disque).

On pose la roue d’entraînement du Clip sur la roue du vélo puis on abaisse la poignée afin de verrouiller le système de fixation sur la fourche.

L’installation est simple et prend moins d’une minute les premières fois, et seulement quelques secondes, une fois le coup de main pris.

Le système de fixation est pour nous un petit bijou d’ingénierie. Bluffant de simplicité, ce système est compatible avec quasiment tous les vélos utilisant une fourche rigide. Sur ce point, c’est difficile de faire mieux.

Notons également que les points de contact avec la fourche sont renforcés avec du caoutchouc assez dur qui n’abime pas la peinture du vélo.

Le Clip est compatible avec les roues de 26, 27,5, 28 et 29 pouces avec une largeur pouvant aller jusqu’à 50 mm. Nous avons également réussi à monter le Clip sur un vélo enfant Orbea MX24 équipé de roues de 24 pouces et d’une fourche télescopique. Ce n’est pas conseillé par Clip puisque la roue de friction est un peu trop en avant. Les fourreaux de la fourche disposent d’un diamètre limite pour le Clip et l’on sent bien que les fixations sont à la limite. C’est probablement pour cela que Clip indique que son système n’est pas compatible avec les fourches télescopiques.

Nous avons également installé le Clip sur un Vélib’, le vélo en libre-service de la ville de Paris, sans difficulté particulière.

Pour utiliser le Clip, il ne reste plus qu’à fixer le bouton au guidon. Il faut trouver la bonne position en fonction de la forme du guidon, des poignées et de la taille de vos mains. Clairement pas l’étape la plus évidente.

Utilisation

Une fois le Clip placé sur la roue avant et le bouton sur le guidon, il suffit de rouler pour se faire assister. L’assistance se met également en marche lorsque l’on pousse simplement le vélo à côté de soi, ce qui est un peu déroutant.

Dans son mode de fonctionnement automatique, le kit d’électrification Clip offre une assistance très légère qui se contente de propulser le vélo jusqu’à 15/16 km/h. Au delà, le Clip est en mode « roue libre » et laisse le cycliste pédaler à son rythme.

Seulement voilà, nous avons pesé le kit à 3,88 kg dans notre version Commuter. Ce poids se ressent forcément sur la roue avant. La direction est logiquement alourdi, mais l’on s’y fait assez vite. C’est surtout gênant lorsque l’on place le vélo sur la béquille puisque la roue avant peut se retourner sur elle-même à cause du poids du Clip.

Surtout, au delà des 15 km/h de l’assistance, le vélo n’offre clairement plus le même rendement. On ne sait pas vraiment si c’est dû au poids du Clip ou au frottement de la roue d’entrainement du moteur sur la roue du vélo, mais on a clairement la sensation de se fatiguer plus rapidement qu’en version uniquement musculaire au delà de 16 km/h. A cette vitesse, on aimerait pouvoir débrayer complètement le Clip ou au moins sentir un minimum d’assistance.

Au-delà de 15 km/h, on va surtout utiliser le Clip en appuyant sur le bouton. Le vélo se transforme alors en petit Solex en étant propulsé à 24 km/h sans aucun effort. Sur notre modèle de test, il n’y a pas besoin de pédaler, mais la version française prévue au printemps 2025 sera livrée avec un capteur de pédalage à placer sur le pédalier. Il faudra tourner les manivelles pour faire fonctionner l’assistance ce qui est obligatoire sur les vélos électriques.

L’assistance électrique sans pédaler n’est autorisée que jusqu’à 6 km/h. Dans le cas contraire, ce n’est plus un vélo, mais un EDPM (Engin de déplacement Motorisé Personnel), comme une trottinette électrique ou une gyroroue, et cela nécessite une assurance spécifique (les dommages causés à autrui par un conducteur de vélo sont couverts par la responsabilité civile de l’assurance habitation, ce n’est pas le cas avec un EDPM). Nous mettrons à jour ce test lorsque nous aurons testé la version française qui pourrait changer pas mal de choses dans l’agrément de conduite. On espère notamment pouvoir se passer du fameux bouton.

Car ce bouton est épais, trop épais pour être véritablement ergonomique à utiliser. Même placé assez près du pouce, le bouton est très peu pratique et oblige à ouvrir beaucoup la main pour appuyer dessus. C’est inconfortable et cela ne permet pas de laisser les doigts sur le frein. Et encore, cela va dépendre du vélo et de son type de guidon…

Cette télécommande sans fil dispose de deux boutons. Le gros bouton rouge sert pour activer l’assistance maximale qui va propulser tranquillement le vélo jusqu’à 24-25 km/h alors que le second bouton sert à activer la récupération d’énergie.

Le moteur agit alors comme un véritable frein moteur. C’est l’une des fonctionnalités les plus intéressantes du Clip. Elle permet de vraiment ralentir le vélo sans utiliser les freins. C’est notamment pratique dans les grandes descentes afin de ne pas prendre trop de vitesse sans toucher au frein et donc d’économiser les plaquettes ou les patins. Dommage là encore que ce petit bouton gris soit si peu pratique. Puisque ce bouton est dédié au freinage, nous l’aurions bien vu sur le levier de frein à la manière de ce que propose Overade sur le futur casque Abus HYP-E ou le feu Overade OxiTurn.

La récupération d’énergie reste faible. On va pouvoir au mieux augmenter l’autonomie de 10 %, mais cela permet surtout d’économiser les consommables de frein.

Rappelons également qu’il faut retirer le kit lorsque l’on gare son vélo dans la rue. En effet, il n’y a aucun moyen de sécuriser le Clip sur le vélo. Si la poignée permet de transporter le Clip sans problème, ses dimensions de 42 cm de long pour 14 cm de large et 14 cm le rendent peu pratique à ranger dans un sac à moins de disposer d’un très grand sac. Attention aussi à ne pas perdre le bouton. Si le système magnétique est ingénieux, il est assez sensible et il est possible d’égarer le bouton, notamment si le Clip vient à tomber par exemple.

Performances

Le moteur délivre une puissance nominale légale de 250 W, mais peut monter à 450 W au maximum. Le fabricant ne communique pas sur le couple du moteur qui reste clairement assez faible. Pour nous, il délivre une puissance largement inférieure à celle d’un moteur moyeu de 45 Nm comme le Mivice 040 que l’on a pu tester sur plusieurs vélos (iWeech Promenade, Lidl Crivit Urban E-Bike X.2). On pourrait estimer le couple à 25 Nm, voire 30 Nm maximum en équivalent moteur moyeu.

La puissance du Clip est également dépendante de l’efficacité de la roue de friction sur le pneu et cela diffère bien évidemment en fonction de la nature du pneu. Le Clip est moins efficace avec les pneus à crampons puisqu’il y a moins de surface de contact par exemple.

Le Clip est également sensible à la pression du pneu. Le fabricant recommande une pression de 70 à 80 PSI , soit entre 4,8 et 5,5 bars, et ne recommande pas d’utiliser le Clip avec une pression inférieur à 60 PSI (4,1 bars). Ce chiffre est assez vague puisque la pression dépend du type et de la largeur du pneu. Un pneu de gravel comme le Hutchinson Touareg a une pression recommandée de 2,5 bars, soit 36 PSI. C’est également le cas des gros pneus ballons de certains vélos de ville.

Nous avons utilisé le Clip sur un vélo Crème Echo Mixte équipé de roues de 700 et de pneus WTB Expanse en 32 mm de large (700 x 32c), mais aussi sur un vélo pliant à grandes roues Bastille avec des roues de 27,5 pouces et des pneus Continental Contact Urban avec une largeur de 42 mm (584-42) gonflé à 3,5 bars et sur un Vélib’ avec des pneus Schwalbe Marathon. Comme dit précédemment, nous avons également monté le kit Clip sur un VTT enfant de 24 pouces Orbea MX24, mais le test n’était pas vraiment concluant, la fixation étant vraiment limite avec une fourche d’un diamètre aussi important.

Dans tous les cas, en respectant les pressions recommandées par les fabricants de pneus, le Clip fonctionne parfaitement sur tous les types de pneus, mais avec un rendement inégal. Il se comporte étonnamment bien avec le pneu fin du Crème Echo Mixte. En utilisant le bouton, le vélo peut atteindre facilement 24 à 25 km/h sur le plat. Dans les cotes, il faut aider le vélo en pédalant tranquillement, mais l’assistance est bien là et on se fatigue beaucoup moins qu’avec un vélo musculaire.

Sur le Bastille et le Vélib, bien que les pneus soient plus larges et offrent en théorie une plus grande surface d’accroche, le moteur a plus de mal et il faut un peu plus de temps pour atteindre les 24 km/h. Notre Vélib de test probablement plombé par un entretien aléatoire n’arrivait pas à dépasser les 20 à 21 km/h avec l’assistance au maximum (bouton rouge).

Enfin, détail qui n’en est pas un, le Clip ne fonctionne tout simplement pas sous la pluie et même sur une route détrempée. On peut tout juste utiliser le mode d’assistance automatique pour être propulsé à 15 km/h sur le plat, mais l’utilisation de la puissance maximale via l’appui sur le bouton ne fonctionne pas. La roue d’entrainement tourne dans le vide et n’arrive pas à accrocher le pneu. On touche là à une sacrée limite du produit et son concept…

Autonomie

Notre Clip Commuter embarque une petite batterie de 96 Wh qui nous a permis de parcourir un peu plus de 10 km en utilisant principalement l’assistance au maximum de sa puissance en appuyant sur le bouton et sur un parcours essentiellement plat.

Le chargeur 42V 3A fourni n’est pas le plus compact, mais il permet de recharger la batterie en seulement une heure. Ce chargeur utilise un connecteur coaxial d’alimentation assez standard, mais cela nécessite tout de même le chargeur fourni ou un équivalent. Pour ce type de produit destiné à être transporter, nous aurions préféré un connecteur USB-C ce qui permettrait de recharger la batterie avec un charger de smartphone ou d’ordinateur portable.