Les gares peinent à s’équiper en stationnements sécurisés pour les vélos
La loi LOM a fixé un objectif d’installation de stationnements sécurisés pour vélos dans 1133 gares. Seul un tiers d’entre elles s’est équipé correctement à 3 mois de l’échéance prévue.
En bref :
- La loi LOM vise à installer des stationnements sécurisés pour vélos dans 1133 gares d’ici 2024. Bilan de juillet 2023 : seulement 35% des gares ont atteint cet objectif, avec 44% des places requises créées.
- Disparités régionales : l’Ile-de-France est en retard avec seulement 5% de ses gares équipées. En revanche, Grand Est et Pays de la Loire sont plus proches des attentes.
- Obstacles : manque de main-d’œuvre, lenteurs administratives, et surtout un manque d’espace, particulièrement en zones denses. Les exigences de sécurité et proximité pour les stationnements sont élevées, mais essentielles pour encourager leur utilisation.
Dans sa Loi d’orientation des mobilités, le gouvernement souhaitait rendre plus facile l’accès aux gares pour les cyclistes. Un voeu qui s’est traduit dans un décret, visant 1133 gares sur tout le territoire, les contraignant à installer des places de stationnement sécurisé pour les vélos. L’objectif était fixé au 1er janvier 2024.
Vélo & territoire a fait le bilan au mois de juillet 2023 et le constat est bien triste. D’après les relevés de l’association, seuls 35 % des gares ont rempli leur objectif. À quelques mois à peine de l’échéance, il semble évident que l’objectif national ne sera pas atteint. Sur les 75891 places attendues, il n’y a eu que 33310 places créées, soit 44 % du chiffre prévu.
Des inégalités territoriales
Il existe de fortes disparités entre les territoires. Le bonnet d’âne revient à la Région Ile-de-France, qui n’a rempli que 5 % de ses objectifs en termes de nombre de gares équipées. Il faut dire que la région Francilienne compte pour plus de la moitié (58 %) des gares concernées. Ces dernières ont été désignées à partir d’un trafic de 100 000 voyageurs par an.
Les attentes sont évidemment différentes en fonction des gares. Là où les moins fréquentées ont un objectif de 10 places pour les vélos, les plus grandes peuvent nécessiter jusqu’à 1000 places. C’est le cas par exemple de la gare du Juvisy en Essonne, placée à la croisée des RER C et D. Malgré ses 256 places de stationnement comptabilisées, la gare dépasse à peine le quart de son objectif.
Certaines régions tirent mieux leur épingle du jeu. C’est le cas de Grand Est, dont 78 % des gares concernées sont au niveau attendu. Les Pays de la Loire (72 %) font également partie des bons élèves. Haut-de-France, Normandie et Bourgogne-Franche Comté sont toutes les 3 sous la moyenne nationale en revanche.
Des freins variés
Le bilan proposé par Vélo & territoires pointe des freins divers. D’une part, les différents acteurs concernés (SNCF, RATP et collectivités locales) sont freinés par des lenteurs de mise en place des contrats avec les conseils régionaux qui gèrent les dossiers. La branche Gares et Connexions de la SNCF fait état d’un manque de main-d’oeuvre et les délais de livraison auprès des fournisseurs.
Enfin, dernier frein important, le manque d’espace disponible. En effet, les gares situées en zones très denses peinent à trouver du foncier pour y installer les équipements requis. Cela explique en partie le net retard de l’Ile-de-France.
Il faut dire que les exigences du décret sont élevées. Les stationnements doivent permettre d’attacher un vélo par deux points, être couverts et profiter d’une fermeture sécurisée, d’une surveillance humaine ou par vidéosurveillance. Le tout doit être installé à moins de 70 m de l’accès à la gare, tant que cela est permis. Des prérequis forcément contraignants, mais qui sont indispensables pour inciter les gens à utiliser ces installations.
Sans doute faudra-t-il en passer par des contraintes plus fortes et rogner sur l’espace d’autres usages. L’espace colossal encore occupé par l’automobile et les investissements qu’il mobilise devrait être une première piste à creuser.
- Mis à jour le 25 mars 2024