Vélo et société

Dépassement des cyclistes, permis de conduire, contraventions : les pistes du rapport sur les violences routières

Après la mort du cycliste Paul Varry, une commission a rendu 40 recommandations pour améliorer la sécurité routière et le partage de la route entre usagers, notamment en faveur des cyclistes.

© Unsplash – Maick Maciel

En bref :

  • Après la mort de Paul Varry, une commission a été créée pour repenser la sécurité sur nos routes.
  • Elle propose 40 mesures, dont 18 prioritaires, pour mieux protéger cyclistes et piétons.
  • Règles de dépassement, formation, aménagements : l’État doit transformer ces pistes en actions.

Suite à la mort tragique du jeune cycliste Paul Varry à Paris, écrasé par un SUV dans des circonstances qui ont ému bien au-delà d’une communauté cycliste en deuil, le ministère des Transports avait lancé une commission devant travailler sur les violences routières et le partage de la route.

Après 6 mois de travail, elle a rendu ses conclusions au ministre Philippe Tabarot ce lundi 28 avril, en présence de Florence Guillaume, déléguée interministérielle à la sécurité routière et d’associations d’usagers du vélo. Les représentants de la FUB, du Réseau Vélo & Marche, de la Fédération Française de Cyclotourisme et de la Fédération Française de Cyclisme étaient également présents, ainsi que l’association Paris en Selle, pour laquelle militait Paul Varry.

40 recommandations et un travail interministériel qui s’engage

Au total, ce sont 40 recommandations – dont 18 prioritaires – qui ont été listées dans ce rapport. Un travail exhaustif, donc, qui est évidemment nécessaire pour aborder l’ensemble des problématiques liées au partage sécurisé des voies de circulation et la nécessité d’apaiser les comportements pour éviter les accidents et les drames. Plusieurs ministères doivent désormais s’en emparer, dont les ministères de Transports et de l’Intérieur, afin de définir quelles sont les mesures qui seront mises en œuvre pour transformer ces recommandations en changements réels et tangibles améliorant la sécurité des usagers.

« La mort de Paul Varry a été un véritable électrochoc et nous interpelle : doit-on craindre pour sa vie lorsque l’on se déplace à vélo ? Réduire les conflits d’usage et les comportements agressifs est un pré-requis indispensable à la sécurité routière : chacun et chacune a sa place sur la voie publique », commente François-Noël Buffet, ministre délégué du ministère de l’Intérieur.

Pour l’heure, nous n’avons aucun délai ni aucune piste de projet de loi défini autour de ces modalités. En revanche, un travail de synthèse a été réalisé afin de nous permettre de constater – sans nous y perdre – quels sont les grands axes de travail et les avancées liées que nous sommes en droit d’attendre des pouvoirs publics.

Dépassement des vélos : vers une nouvelle loi plus protectrice ?

Sur le volet de la formation, l’évaluation des dispositifs d’apprentissage de la sécurité routière et du vélo est envisagée, afin – si nécessaire – de faire évoluer et renforcer le programme Savoir Rouler à Vélo, de la maternelle au lycée. Il est également envisagé d’intégrer au dispositif du CPF (Compte Personnel de Formation) des formations d’apprentissage du vélo ou de remise en selle.

Autres pistes : rendre obligatoire les zones « 30 » en agglomération et changer la règle du dépassement pour que les voitures soient obligées de franchir complètement la ligne médiane avec les quatre roues pour doubler un vélo sur toute route disposant d’au moins deux voies. Ce serait un renforcement de la règle actuelle, qui prévoit que les voitures doivent laisser au minimum 1m entre elles et un vélo qu’elles dépassent en agglomération, 1m50 hors agglomération.

Côté permis de conduire, ce rapport préconise de vérifier que les questions relatives au partage de la route et à l’empathie avec les autres usagers aient une place suffisante. Il est également proposé de placer les candidats au permis de conduire à la place d’un vélo afin qu’ils puissent se rendre compte de ce que ressent un cycliste dépassé par un véhicule, et de s’assurer qu’ils sachent ouvrir leur portière avec la main opposée, ce qui nécessite une rotation du torse et permet d’avoir une meilleure vue sur l’éventuelle arrivée d’un vélo ou d’une trottinette sur la voie de circulation.

Des cyclistes plus souvent verbalisés ?

Les cyclistes ne sont pas épargnés et ce rapport suggère la création d’infractions spécifiques aux vélos. L’idée ? Verbaliser davantage les cyclistes lorsqu’ils enfreignent la loi, mais en minorant les montants de l’amende encourue. Ces montants, jugés abusifs par beaucoup (y compris les forces de l’ordre) peuvent encourager les policiers à faire d’abord de la prévention en faisant des rappels à la loi sans distribuer d’amende. Des montants plus petits mais des cyclistes systématiquement verbalisés devrait améliorer le respect du Code de la Route par ces derniers selon ce rapport. Il est également question d’autoriser la vidéoverbalisation dans un plus grand nombre de situations.

Autant de mesures réglementaires et de formation qui semblent, à première vue, possibles à mettre en œuvre rapidement et qui, dans certains cas, pourront avoir des effets bénéfiques immédiats sur un partage plus sécurisé de la route. Elles sont accompagnées d’autres recommandations qui vont plus loin et nécessiteront sans doute plus de temps et de discussions avant d’aboutir.

Il est par exemple question d’obliger les publicités pour les voitures à intégrer un contexte d’utilisation de ces véhicules « plus représentatif des conditions réelles d’utilisation ». Autrement dit, voir des voitures utilisées en ville, avec des piétons, des cyclistes, des gens à trottinette, etc., et pas seulement rouler sur des routes désertes aux paysages vendeurs.

Harmoniser les aménagements cyclables

Le rapport évoque également l’engagement de discussions au sein de l’UE en vue de l’intégration à tout véhicule léger neuf une « sonnette piétonne de courtoisie » en plus d’un simple klaxon, et l’équipement des autobus de caméras pour photographier les usages interdits des voies de bus à des fins de verbalisation.

Autre piste : utiliser les applications de guidage pour partager en temps réel la position des cyclistes le souhaitant, et ainsi permettre aux automobilistes de voir sur Google Maps ou Waze des cyclistes géolocalisés autour d’eux. Une dernière idée intéressant, mais qui en l’état semble difficile à mettre en oeuvre et peu efficace quand on sait la marge d’erreur des GPS, la densité du trafic en ville et la vitesse à laquelle peuvent survenir les accidents. A ce petit jeu là, les radars et autres LiDAR des voitures modernes sont certainement plus efficaces.

Enfin, et ce ne sera jamais un mal, il est demandé de « rappeler l’obligation faite aux collectivités de mettre au point des itinéraires cyclables lors de l’élaboration des documents de planification et d’introduire dans le Code de l’environnement une obligation de mettre au point un aménagement cyclable en cas de création ou de rénovation d’une voie interurbaine ».

Si cette mesure pouvait, en plus, s’accompagner du maintien d’un Plan Vélo correctement financé afin d’encourager les collectivités à lancer et faire aboutir leurs projets d’aménagements cyclables, ce serait encore mieux. Et ce rapport de recommander également l’établissement de normes visant à harmoniser les aménagements cyclables sur le territoire.

« Assurer la sécurité de chacun sur la route suppose le respect de tous les usages de l’espace public. C’est à cette condition — la protection de chacun — que nous pourrons encourager la pratique du vélo, levier clé pour réduire l’empreinte carbone de nos déplacements et améliorer la qualité de vie de tous », a déclaré le ministre des Transports, Philippe Tabarot, à cette occasion.

  • Publié le 2 mai 2025

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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