Vélo et société

Paris : la fin des trottinettes en libre-service peut-elle profiter aux vélos ?

Le vélo sera-t-il le premier bénéficiaire de l’arrêt des trottinettes en libre-service de Dott, Lime et Tier à Paris ? Ce serait logique, mais d’autres reports modaux vont aussi s’opérer.

© Unsplash – Nella N

En bref :

  • Au 1er septembre, il n’y aura plus une seule trottinette en libre-service à Paris
  • Cela devrait profiter aux vélos, qu’ils soient en libre-service ou non
  • Dott, Lime et Tier exploitent 20 000 vélos à Paris qui subissent la forte concurrence des Vélib’

Le 2 avril dernier, les parisiens ont voté contre les trottinettes en libre-service. 89% des votants (seulement 7% des inscrits avaient participé au scrutin) souhaitaient la disparition des trottinettes de Dott, Lime et Tier des trottoirs de la ville.

La mise en place de stationnements dédiés, les messages pédagogiques quant au bon usage de la trottinette et les campagnes menées par les opérateurs disposant d’un contrat avec la mairie n’ont – à l’évidence – pas suffi à faire accepter ce moyen de transport jugé accidentogène et anarchique jusqu’au sein de la municipalité elle-même.

Résultat, au 1er septembre, ces trois entreprises devront avoir retiré l’intégralité de leurs parcs de trottinettes des rues de Paris.

Cela représente 15 000 trottinettes électriques au total et certains opérateurs ont déjà collecté la majorité de leurs engins pour les réaffecter en banlieue parisienne (où ces services se déploient à grande vitesse) ou dans d’autres métropoles européennes. Car oui, Paris fera figure d’exception en France et sur le Vieux Continent, où la quasi-totalité des grandes villes et capitales proposent ce service à leurs habitants et touristes.

La moitié des déplacements reportés sur le vélo ?

A la Mairie, on estime que le réseau de transports en commun (bus, métro, tram…) absorbera une partie de ces déplacements, qui se déporteront aussi vers les mobilités actives que sont la marche et le vélo. La bicyclette est d’ailleurs au cœur des ambitions de la municipalité et cela intéresse Dott, Lime et Tier qui, toutes trois, exploitent également une flotte de vélos en libre-service, concurrentes des Vélib’. Au total, elles proposent 20 000 vélos à louer à la minute.

Selon la municipalité, environ la moitié des déplacements qui étaient réalisés à l’aide d’une trottinette en libre-service devrait se reporter vers le vélo. Cela représente un joli nombre de trajets, puisque les trois opérateurs avaient déclaré 16,5 millions de locations de trottinettes en 2022. A l’évidence, oui, la pratique du vélo devrait bel et bien profiter de l’arrêt de ces services. Reste à voir dans quelles proportions.

Les parkings pour trottinettes réaffectés aux vélos

Pour encourager la pratique, la ville s’est engagée à transformer l’ensemble des espaces de stationnement réservés aux trottinettes en parkings à vélos. Lime, opérateur qui exploite le plus de vélos à Paris (10 000), indique qu’après avoir augmenté de 73% en 2022, les locations de ses vélos dans la capitale continuent à progresser en 2023. Les deux autres opérateurs sont plus pessimistes. Eux notent que leurs vélos sont, en moyenne, trois fois moins utilisés que leurs trottinettes. La disparition de ces dernières peut-elle changer la donne ?

Une chose est sûre, l’absence de trottinettes électriques va pousser un certain nombre de parisiens à réinterroger leurs besoins en matière de déplacements, et cela pourrait effectivement être favorable au vélo, qu’il soit en libre-service ou non.

La concurrence des Vélib’

Autre certitude, les opérateurs privés devront se montrer très persuasifs pour attirer les utilisateurs vers leurs vélos, alors qu’ils subissent la concurrence d’un réseau Vélib’ largement déployé et beaucoup moins cher ! Ils sont en effet environ 3 fois plus cher : là où un trajet de 45 minutes en Vélib’ électrique revient à 3€, c’est au minimum 10€ chez Dott, Lime ou Tier. Un surcoût qu’ils justifient de par la logistique et la mécanique plus compliquée et onéreuse d’un vélo par rapport à une trottinette.

Une fois encore, peut-être ces tarifs encourageront-ils les usagers les plus assidus à envisager l’achat d’un vélo, neuf ou d’occasion ? Ils pourraient aussi favoriser l’achat de trottinettes électriques personnelles.

Si les trois opérateurs essaient de faire bonne figure en attendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, événement qui devrait sensiblement booster les locations, tous n’envisagent pas la poursuite de leur activité de la même manière, ce qui aura forcément des conséquences sur l’emploi.

En effet, Lime ne prévoit aucun licenciement dans ses rangs pour l’heure. Ce qui n’est pas le cas de Tier qui s’interroge pour l’avenir de ses 100 employés, tandis que Dott vient tout juste de mettre en place un plan de sauvegarde de l’emploi pour ses 51 salariés.

Source : Le Monde

  • Publié le 24 août 2023

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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