Vélo et société

Savoir rouler / Un vélo pour tous : les engagements du Tour de France avec « école solidaire »

Une classe bien entourée, fière d’exhiber son attestation « Savoir rouler à vélo ».

Le rendez-vous était donné au vélodrome mythique de la Cipale, à l’orée du bois de Vincennes. Nous y avons retrouvé une classe d’élèves de CM2 prêts à passer le 3e bloc de la formation Savoir rouler à vélo, au terme de laquelle leur est remis une attestation sous forme de diplôme. En gros, un permis vélo qui valide les acquis de ces enfants prêts à utiliser un vélo comme moyen de transport en circulation.

Il y a, bien sûr, un enjeu de sécurité routière. Chaque séance démarre par des rappels et vérifications de sûreté et inculque aux participants les principales règles du code de la route. Celles qu’il faut veiller à appliquer consciencieusement lorsque l’on navigue à bicyclette, pour sa propre sécurité et celle des autres. Mais ce n’est pas tout. En effet, comme le reconnaît volontiers Virginie Jouve, chargée de mission au Ministère des Sports, l’idée est aussi de promouvoir la pratique du vélo au quotidien.

Une formation de sécurité routière, mais pas que…

Quoi de plus efficace que de démontrer, dès le plus jeune âge, que le vélo est un moyen de transport adapté à la plupart des trajets de tous les jours, en plus d’être une excellente alternative aux mobilités motorisées. « C’est un enjeu de société. On essaie de leur donner le goût du vélo assez jeune et les clés pour en faire un mode de déplacement sûr et efficace. L’idée, c’est aussi de les initier à l’objet vélo, sa conception, ses principaux organes, leur apporter quelques bases concernant l’entretien », nous explique-t-elle.

Avant de monter en selle, on vérifie son vélo et on rappelle quelques fondamentaux.

Et puis, sur place, personne ne nous contredit quand on évoque – outre la liberté de déplacement et les bienfaits écologiques du vélo – l’intérêt de la pratique en termes de santé publique. « C’est ça. En faisant du vélo. On fait du bien à son corps et à la planète » résumé Karine Bozzacchi, responsables des opérations RSE d’ASO, l’organisateur du Tour de France.

Car si ce matin les enfants sont encadrés par Maxoo, la mascotte du « Tour », et que leur diplôme leur est remis par Maryanne Hinault, coureuse professionnelle, c’est bien parce que la prestigieuse institution du Tour de France est partenaire de Savoir rouler. Cela se fait à travers son programme « L’avenir à vélo » qui englobe la labellisation de « villes à vélo » (plus de 130 à ce jour), le don de draisiennes et de vélos, ainsi qu’une vaste campagne de promotion de la mobilité à vélo .

Il faut faire rayonner le Tour à travers des initiatives populaires et des messages rassembleurs, notamment autour de l’écologie. On essaie de le faire en gardant nos racines, qui restent le vélo.

Karine Bozzacchi

Dans ce cas précis, le partenariat s’inscrit dans le cadre d’Ecole Solidaire, une initiative qui facilite l’accès au vélo à des enfants ainsi que des personnes précaires ou handicapées, et ce depuis plusieurs années.

Karine Bozzacchi, responsable RSE du Tour de France © A.S.O./Nicolas Prado

« Pour chaque enfant qui participe à Savoir rouler, le Tour de France verse 1€ pour financer l’achat de vélos afin d’alimenter l’opération Un Vélo Pour Tous, dans la limite de 100 000 €. C’est à peu près le nombre d’enfants qui, chaque année, participent à Savoir rouler. Et derrière, on travaille avec des associations comme la Fondation Anais, le Secours populaire français ou l’ONG sud-africaine Qhubeka, qui vont s’occuper de la logistique de terrain avec les dotations aux enfants démunis, handicapés ou qui ont besoin d’un vélo pour accéder à l’école », nous explique Karine Bozzacchi.

Déjà plus de 300 000 enfants diplômés

Il faut savoir qu’à ce jour, Savoir rouler à vélo a déjà permis à plus de 300 000 enfants en France de passer avec succès le bloc 3 de la formation, et donc d’obtenir le fameux diplôme. Une belle réussite qui, malgré l’engouement des enfants, est le fruit d’une vraie bataille à mener sur le terrain, nous explique Virginie Jouve.

En effet, l’Etat doit parvenir à s’appuyer sur les collectivités pour promouvoir l’opération auprès des écoles, où directeurs et enseignants doivent s’engager dans le programme. Or, si initier et améliorer les capacités des enfants au guidon avec les bloc 1 et 2 de la formation génère un réel enthousiasme, il reste encore des réticences sur le terrain face à un bloc 3 qui va mettre les enfants sur la route, en circulation. Même s’ils sont formés et – évidemment – encadrés, c’est une étape que certaines écoles craignent encore de franchir.

Alors, pour accompagner la montée en puissance du dispositif, Le Tour de France et l’Etat ont imaginé un challenge avec la plateforme Ma Petite Planète. Cette application permet de lancer son entreprise, son équipe, sa famille, ses amis ou encore sa classe dans des défis qui sont bons pour l’environnement, sur une durée de 3 semaines (qui permet – selon les études – d’ancrer un changement d’habitudes).

Un défi pédagogique et solidaire pour booster l’opération

En l’occurrence, un projet pédagogique en édition spéciale, ouvert aux classes du CP au CM2 pour « savoir rouler à vélo et donner envie aux élèves de faire du vélo » en validant des blocs de compétences en selle. Bien sûr, le fait de s’inscrire à un tel défi va être source de motivation pour les élèves et leurs enseignants en plus d’ajouter une dose de fun et de challenge supplémentaire. Une bonne manière, aussi, d’avoir un relais comptable supplémentaire dans la machine, car l’école solidaire au format Ma Petite Planète va permettre de suivre, avec des données précises, le nombres d’élèves formés, par exemple.

Il suffit quoi qu’il en soit de discuter quelques minutes avec les enfants présents pour comprendre que le Tour de France est une vitrine toujours très puissante. Eux viennent de boucler une balade de quelques kilomètres mais admirent ceux qui « grimpent des montagnes énormes » ou « vont super vite en descente, plus vite que les voitures ».

La remise des attestations par la mascotte du Tour et Maryanne Hinault, coureuse pro.

« Dès qu’on parle du tour, on parle de performances. Que ce soit le sport à son plus haut niveau d’exigence, l’exposition des équipes et des coureurs, les retombées internationales. Mais chez ASO, on se sent aussi une grande responsabilité du fait de cet engouement et de cette notoriété. Il faut faire rayonner le Tour à travers des initiatives populaires et des messages rassembleurs, notamment autour de l’écologie. On essaie de le faire en gardant nos racines, qui restent le vélo, en accompagnant ces enfants et en changeant les habitudes. Nous voyons d’année en année que les choses bougent en faveur du vélo, ce qui nous donne encore plus envie d’accélérer », conclut Karine Bozzacchi, après avoir posé tout sourire au milieu de cette classe fière de brandir ses diplômes Savoir rouler à vélo.

  • Mis à jour le 28 juin 2023

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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