Vélos électriques

BMW i Vision Amby : vélo électrique, speedbike ou moto, il brouille les lignes et questionne la législation

Quand le géant allemand de l’automobile BMW s’intéresse au vélo électrique, c’est pour proposer quelque chose de différent : un vélo à assistance électrique dont la puissance se module en fonction de l’endroit où l’on roule, avec l’idée d’interroger les autorités sur la législation en cours.

Le vélo électrique à vitesse évolutive BMW i Vision Amby. © BMW

En bref :

Le vélo électrique BMW i Vision Amby est un drôle d’engin, capable de se transformer en speedbike – voire en petite moto électrique – de manière automatique.

Techniquement abouti, résolument futuriste, cet engin questionne les autorités sur d’autres manières d’aborder les législations relatives aux vélos électriques.

Un prototype non commercialisé, mais que BMW utilise pour brouiller les lignes et faire avancer les discussions.

Est-ce un vélo à assistance électrique ? Un speedbike ? Une petite moto électrique ? Si l’on se pose la question en découvrant le concept BMW i Vision Amby, c’est parce que c’est exactement ce qu’a cherché à faire le fabricant allemand en l’imaginant. Sortir des cases.

En effet, BMW dispose d’un drôle d’engin dans ses cartons, qui ressemble à un vélo électrique de course futuriste, pesant une vingtaine de kilos, intégrant un puissant moteur central et une transmission à courroie associée à une boîte 12 vitesses automatique Pinion. Un « vélo » équipé d’une batterie de 2000 Wh de capacité, capable de parcourir jusqu’à 300 km à une vitesse de 25 km/h, et 180 km à 45 km/h et 75 km à 60 km/h.

Un vélo plus ou moins rapide, en fonction d’où il roule

Non, nous ne nous sommes pas trompés sur les chiffres. Vous avez bien lu. Il est possible de moduler sa vitesse de circulation maximale et sa puissance en fonction de l’endroit où l’on roule. Et avec un système de géolocalisation d’une précision de 10 cm en extérieur, les ingénieurs de BMW ont même automatisé les variations entre les trois modes (25, 45 et 60 km/h).

En d’autres termes, identifié sur une piste cyclable, le BMW i Vision Amby serait limité aux règles de fonctionnement d’un VAE classique, avec une assistance électrique se coupant au-delà des 25 km/h. Tandis que sur une départementale limitée à 80 km/h, toute sa puissance serait accessible pour circuler à 60 km/h.

Ce changement de mode, la puissance disponible et la vitesse de circulation sont indiqués au pilote par le biais d’un afficheur sur le tube supérieur, mais également aux autres usagers de la route via un écran positionné derrière le tube de selle. Là encore, cela fait partie du concept, BMW ne s’interdisant pas d’essayer des choses afin de questionner l’écosystème et les autorités sur d’éventuelles nouvelles règles et pratiques pour des engins hybrides.

Une belle pièce d’ingénierie

Le cadre du vélo, résolument futuriste, intègre en son centre l’imposante batterie. Le cockpit intègre un éclairage led allongé sur toute la largeur du cintre plat, tandis que l’on retrouve un système d’éclairage identique sur la tige de selle. Le vélo dispose de roues Crank Brothers et est monté de gros pneus Schwalbe Super Moto-X. Il dispose d’une fourche suspendue inversée sur l’avant ainsi que d’une suspension arrière, toutes deux fournies par Intend. On remarque évidemment le travail réalisé sur la partie arrière du vélo, avec une base arrière « monobras ».

Ce vélo électrique BMW n’est pas nouveau en soit, car on retrouve des photos dans les archives montrant que cela fait quelques années déjà que des ingénieurs travaillent dessus chez le constructeur automobile. Son idée remonte à 2021. C’est un cadre de BMW qui l’a eue en souhaitant pouvoir parcourir plus rapidement en vélo électrique la longue distance qui le sépare de son bureau, tout en étant en mesure de rouler sur les chemins des parcs présents sur son parcours, sans enfreindre la loi.

Ce qui est intéressant, c’est que BMW ne s’est pas contenté d’en faire un simple prototype exhibé de salon en salon pour attirer l’œil des badauds. L’entreprise a choisi d’en faire un concept évolutif plus abouti, destiné à brouiller les lignes.

Sortir des cases

Après tout, Werner Haumayr, vice-président de BMW Design Conception au moment où cet eBike avait été présenté, avait déclaré : « Partout où l’on regarde, des catégories apparemment établies sont en train de voler en éclats – et c’est une bonne chose ».

Pour lui, les cases dans lesquelles le marché et la législation enferment les vélos électriques, les speedbikes et les motos électriques n’ont pas lieu d’être, à une époque où la technologie permet d’adapter leur fonctionnement à l’environnement dans lequel ils sont utilisés, en garantissant la sécurité de chacun.

Et ça semble marcher, car sur l’excellente chaîne YouTube du podcast En Roue Libre d’Antoine Taillefer, qui vient de consacrer une vidéo à ce i Vision Amby, Clemens Jais, responsable de la communication de BMW, explique que des discussions ont démarré avec les différentes autorités de régulation.

Pour l’heure, aucune décision n’a été prise, mais il est clair que si le pari de BMW était de parvenir à lancer le débat avec son eBike, cela semble plutôt réussi. L’entreprise partant du principe qu’en tant que leader industriel dans l’univers des mobilités, il est de son devoir d’informer et de montrer aux autorités ce que la technologie permet de faire.

Des questions que le concept suscite aussi chez les cyclistes, et c’est bien normal. Est-ce que cet engin est encore un « vélo » ? Est-ce qu’aller vers le géofencing, ce n’est pas risquer le flicage à outrance ? Est-ce que ce futur dépeint par BMW est compatible avec l’idéal d’un vélo écologique, économique, sûr et pratique qui nous anime ? Pas sûr que tout le monde voir ça d’un très bon œil. Mais en tout cas, les questions sont posées par cet engin.

PS : BMW Motorrad avance également sur le concept de « Vision Amby », qui est pour le coup une vraie petite moto électrique, dénuée de pédales.