Chargeur universel pour vélos électriques : l’Europe forcera-t-elle la main aux fabricants ?
Dix-neuf associations européennes pressent Bruxelles d’imposer un chargeur unique pour les vélos électriques. Objectif : réduire les déchets électroniques, améliorer la sécurité et faciliter l’usage comme la réparabilité des VAE, à l’image de l’USB-C pour les smartphones.

En bref :
- Dix-neuf associations demandent un chargeur unique pour les VAE dans une lettre à la commissaire européenne chargée de ces questions.
- Elles dénoncent gaspillage, risques et dépendance aux fabricants, poussant pour l’adoption d’un standard qui permettrait de développer un vrai réseau de charge partout dans l’Union.
- Face aux résistances de l’industrie, une obligation légale est jugée inévitable selon ces acteurs.
Juste avant les fêtes, la commissaire européenne Jessika Roswall a reçu une lettre signée des directeurs de 19 associations de l’Union, l’invitant à accélérer la mise en place de nouvelles règles contraignantes pour les fabricants de vélos électriques concernant la charge de leurs batteries. L’idée ? Imposer un standard de chargeur unique pour éviter le gaspillage, limiter la dette écologique et améliorer l’usage et la sécurité des vélos à assistance électrique.
« Le nombre élevé de prises de recharge différentes pour les vélos électriques et autres moyens de transport légers (LMT) entrave inutilement la transition écologique de l’Europe. L’absence de chargeur standardisé entraîne des coûts élevés pour les exploitants de flottes, limite la réparabilité, entraîne des risques pour la sécurité et génère des déchets électroniques inutiles, rendant presque impossible la mise en place d’une infrastructure de recharge privée et publique », peut-on y lire.
Simplifier l’usage, améliorer la sécurité, faciliter le SAV
Ces organisations invitent donc les pouvoirs publics européens à statuer rapidement sur le sujet et à répliquer ce qui a déjà pu être fait sur la charge des téléphones portables par exemple, en imposant l’USB-C pour tous les fabricants. Selon elles, il est urgent de renforcer l’attractivité des vélos électriques et pour cela, simplifier leur recharge est absolument nécessaire, de sorte à faire naître une infrastructure de charge standardisée. Outre la recharge à domicile de vélos personnels et celle, organisée, des flottes de vélos en libre partage, le chargeur unique permettrait en effet de mettre sur pied un véritable réseau de charge pour les vélos, au sein des entreprises, restaurants, hôtels, etc.
De plus, ces organisations pointent du doigt les problèmes engendrés par l’usage de chargeurs propriétaires : « Les prises de recharge LMT propriétaires peuvent également constituer un obstacle à la réparabilité et à la longévité. Avec les systèmes propriétaires, les utilisateurs dépendent entièrement d’un seul fabricant pour les réparations et les pièces de rechange. Il y a déjà eu plusieurs cas où des consommateurs n’ont plus pu utiliser leur vélo électrique parce que le chargeur ou les composants propriétaires associés étaient défectueux et n’étaient plus disponibles ».
Et d’ajouter : « En outre, les fabricants de connexions propriétaires peuvent faire en sorte que les données importantes sur l’état de la batterie ne puissent être lues que par des ateliers agréés par le fabricant, ce qui augmente également les coûts d’entretien et de réparation ou accroît les efforts nécessaires pour les réparations ». Un point soulevé qui va au-delà du simple problème de connecteur de charge et qui attaque la manière dont les fournisseurs de solutions d’électrification gèrent leurs propres réseaux de distribution et de service après-vente.
A marche forcée, sinon rien
De leur côté, les spécialistes des motorisations de vélos à assistance électrique ne semblent pas prêts à accompagner ce changement. Si certains fabricants de vélos tentent de faire avancer la cause du chargeur commun (notamment en adoptant la recharge par USB-C), les grands noms que sont Bosch, Shimano ou encore Bafang s’accrochent à leurs standards et avancent plusieurs raisons à cela, dont la maîtrise des couches de sécurité sur leurs produits sans oublier la main mise (et donc le contrôle) sur les réseaux d’entretien et SAV.
Pour autant, la plupart d’entre eux font partie de CHAdeMO, un consortium japonais qui travaille sur la standardisation de la charge des VAE. Ce protocole progresse mais n’est toujours pas adopté.
« À ce jour, les fabricants de vélos électriques et de LMT n’ont pas réussi à mettre en place une prise de recharge commune ; une obligation légale est donc dorénavant nécessaire », estiment ces 19 organisations. Reste à voir quelle réponse la commissaire européenne à l’Environnement et à l’Economie circulaire leur présentera.
- Publié le 30 décembre 2025