Porsche freine net : le projet P2 eBike avec PON abandonné
Le projet P2 eBike, porté par Porsche et le groupe PON pour créer une gamme de vélos électriques premium, est brutalement abandonné. Un arrêt révélateur des tensions actuelles du marché du VAE et des limites des ambitions automobiles dans le cycle.

En bref :
- Porsche et PON mettent fin à leur coentreprise P2 eBike, conçue pour développer des vélos électriques haut de gamme.
- Malgré des moyens engagés et des projets avancés, le contexte économique tendu du marché du VAE semble avoir eu raison de l’initiative.
- Porsche reste toutefois actif dans le secteur via Fazua et des développements technologiques ciblés.
Quasi invisible en dehors des cercles industriels, l’ambitieux projet mené par les groupes Porsche et PON dans le cadre d’une coentreprise baptisée P2 eBike vient de subir un coup d’arrêt.
Il devait permettre à Porsche de s’imposer durablement sur le marché du vélo électrique haut de gamme, en s’appuyant sur l’un des plus puissants acteurs européens du cycle. Finalement, ce projet commun est annulé, sans que l’on ne connaisse les raisons de cet arrêt brutal.
Un projet industriel ambitieux stoppé
P2 eBike avait été créée en Allemagne pour concevoir, développer et industrialiser une gamme de vélos électriques premium sous l’influence directe de Porsche. L’entreprise avait déjà recruté une équipe spécialisée et travaillé sur plusieurs projets concrets. On sait, par exemple, que des modèles de VTT électriques et de vélos de trekking étaient en cours de développement.
Cette annonce est surprenante puisque cette association entre deux groupes renommés avait tout du partenariat stratégique solide. Porsche d’un côté, qui multiplie depuis plusieurs années les initiatives autour du vélo électrique, notamment via le rachat de Fazua, spécialiste des motorisations légères. PON de l’autre, géant du cycle européen, propriétaire de marques majeures comme Gazelle, Kalkhoff, Cannondale ou Santa Cruz, et doté d’une expertise industrielle et commerciale reconnue.
Priorités stratégiques revues
Surtout, beaucoup de moyens ont déjà été engagés et une équipe d’une douzaine de personnes travaillait à temps plein sur les produits, les choix techniques et la stratégie. Souvent, les marques automobiles arrivent au vélo avec des produits rebadgés. Là, Porsche entendait aller plus loin, en développant une véritable offre cohérente et différente de ce que l’on a l’habitude de voir.
Officiellement, les deux groupes évoquent une réévaluation de leurs priorités stratégiques. Une formulation classique, qui masque mal un contexte sectoriel devenu beaucoup plus tendu. Après plusieurs années de croissance rapide, le marché du vélo électrique connaît un net ralentissement en Europe. Les stocks accumulés, la pression sur les marges et la hausse des coûts industriels ont conduit de nombreux acteurs à revoir leurs investissements. Il semble que ce soit de nouveau le cas ici.
Dans ce contexte, lancer une nouvelle marque ou une nouvelle gamme premium, avec des volumes incertains et des exigences élevées en matière de qualité, représente un risque significatif, même pour des groupes solidement installés.
Porsche reste dans le vélo, mais autrement
Mais cela ne sonne pas la fin de Porsche dans le monde du vélo électrique. D’abord parce que le groupe reste propriétaire de Fazua. Mais ce n’est pas tout. Il a initié un projet d’usine de batteries en Croatie et développe des technologies intéressantes comme les freins à disque magnétiques.
On peut en conclure que plutôt que de s’exposer directement au marché du vélo, Porsche semble privilégier une approche plus industrielle et technologique, en se positionnant comme fournisseur de solutions haut de gamme. Un choix potentiellement plus durable sur un marché en cours de recomposition.
La fin de P2 eBike rappelle quoi qu’il en soit la réalité complexe que traverse l’industrie du cycle et démontre qu’il ne suffit pas d’associer de grands groupes aux marques prestigieuses pour réussir.
Sources : Nieuwsfiets ; Frandroid
- Publié le 15 décembre 2025