On a roulé avec le Pinion MGU, nouveau moteur pour vélos électriques avec vitesses intégrées
Curieux d’approcher le moteur à boîte de vitesses intégrée de l’allemand Pinion, nous avons finalement pu rouler quelques kilomètres avec. Pas suffisamment pour se faire un avis définitif, évidemment, mais assez pour entrevoir les qualités du cette motorisation.
Après l’annonce, l’essai. Sur l’Eurobike, à Francfort, nous étions ravis de voir que le fabricant Pinion disposait d’un large stand à l’abord de la « test track », cette piste qui permet d’essayer les vélos. Nous ne nous sommes pas faits prier pour enfourcher l’un des vélos équipés du nouveau moteur MGU (Motor Gearbox Unit).
Bonne pioche, nous sommes tombés sur un VTTAE Flyer, équipé de la déclinaison E1.12 du moteur, c’est à dire la version 12 vitesses. Commande de vitesses à droite, gestion des modes d’assistance à gauche, écran FLY central avec toutes les infos, nous avons pu bénéficier d’un cockpit riche en informations et aisé à prendre en mains pour ce premier essai.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on a trouvé ce moteur diablement efficace par moments, et un peu déroutant dans d’autres situations. On vous explique.
Des passages de rapports fluides et rapides
Le moteur MGU intègre donc une boîte de vitesses, comme le moteur du français Valeo. La transmission est assurée par une courroie en carbone. Résultat, le passage de vitesses est très efficace. La montée en rapports se fait à haute fréquence sans le moindre soubresaut. Tac, tac, tac, tac et vous voilà passés de la 6e à la 10e vitesse à peine 1 seconde. La boite de vitesses fait pas mal de bruits, un peu trop peut-être mais au moins on entend bien quand les vitesses sont passées.
A l’inverse, la descente des rapports nous a semblé un poil moins efficace. Sans problème particulier cela dit. Simplement, c’est un peu moins réactif dans ce sens là et il se peut que certaines vitesses émettent un « clic » assez audible à la descente.
Le comportement du vélo et ses passages de rapports automatiques nous a quelque peu étonné. En effet, dès que le vélo repérait une baisse de cadence de pédalage, il rétrogradait de 4 ou 5 vitesses d’un coup. Résultat, on avait l’impression de sévèrement pédaler dans le vide le temps de remonter manuellement les rapports pour apporter un peu de résistance au pédalage et relancer l’assistance électrique.
Un moteur à régler en fonction de son profil
Un fonctionnement déroutant dans un premier temps, que le constructeur a pu nous expliquer par la suite avec des indications rassurantes : tout est paramétrable directement dans l’application du moteur. On va ainsi pouvoir définir les cadences de pédalage à partir desquelles les changements de vitesses automatiques s’opèrent, et choisir les plages de rapports sur lesquelles le vélo intervient seul. Et effectivement, une fois adapté à son profil de cycliste, le moteur sait apporter ce surplus d’énergie nécessaire au redémarrage après un arrêt, sans intervention manuelle, et sans obliger à jouer trop vite de la gâchette au redémarrage.
L’une de nos interrogations concernait également le poids de ce moteur, donné pour 4 kg hors batterie. S’il est clair que le Pinion MGU n’est pas un poids plume, son bilan sur la balance est un peu compensé par le fait qu’il intègre une bonne partie de la transmission à travers sa boîte de vitesses. Son positionnement central, en tant que moteur pédalier, lui évite également de déséquilibrer le vélo.
Plutôt silencieux
Si bien que grâce à ses bonnes performances (jusqu’à 600 W en crête et 85 Nm de couple), il parvient sans aucun mal à emmener notre vélo d’essai à 25/27 km/h sans difficulté. Sur un tel vélo, rouler plus fort sera en revanche un peu plus compliquer à moins d’y mettre beaucoup de jambes. Stabiliser les 30 km/h sur le plat nous a paru demander une débauche d’énergie trop conséquente, quand bien même nous sommes habitués aux sorties assez sportives en vélo musculaire. Enfin, assistance coupée, le vélo est trop difficile à emmener et l’on remarque une perte de rendement non négligeable au pédalage.
Autre préoccupation lorsque nous découvrons un nouveau moteur : son bruit de fonctionnement. Un point sur lequel nous avons été rassurés par cet essai. Le moteur MGU de Pinion n’est pas inaudible, mais il sait se montrer relativement discret, tout en permettant de savoir – à l’oreille – lorsqu’il délivre son plein potentiel. Le léger sifflement qu’il émet n’est pas trop aigu et n’est donc pas du tout désagréable. A vérifier dans le cadre de sorties bucoliques de plus longue durée.
Un moteur sûr de sa force
Comme nous l’expliquions dans notre article de présentation du moteur, Pinion nous a confirmé sur le salon allemand viser tous types de vélos avec son moteur, du VAE urbain au trekking, en passant par le VTTAE et les cargos. Pour ces derniers, une version boostée du moteur développant jusqu’à 800 W en crête et 160 Nm de couple est prévue. Bien sûr, il nous tarde de pouvoir essayer le Pinion MGU sur le terrain, dans ces diverses configurations pour valider – ou non – sa pertinence sur les différents segments.
Dans tous les cas, l’intégration de la boîte de vitesses qui se fait au détriment du poids – alors que le downsizing fait peu à peu des émules sur le marché du cycle électrique -, est un atout intéressant en termes d’agrément de conduite. Plusieurs marques, ancrées sur un modèle de vélo gonflé type « SUV » ne croyant pas aux moteurs légers, sont d’ores et déjà intéressées par ce Pinion MGU et sortiront leurs premiers vélos à en être équipés dans les mois à venir.
Une chose est sûre, Pinion a réussi à générer une certaine curiosité de l’industrie du cycle autour de son MGU, car il y avait dans la file d’attente pour essayer ce moteur bien des personnes habillées de polos aux couleurs de la concurrence. De bon augure ?
- Mis à jour le 29 juin 2023