Test – Gitane G-Life Compact, le petit vélo de ville à tout faire un peu trop costaud

Petit SUV au caractère affirmé, le G-Life Compact de Gitane veut s’imposer sur le marché des vélos urbains électriques modernes, robustes et stylés. Pari gagnant ?

Gitane G-Life Compact 1

Présentation

Gitane est un acteur historique du vélo en France. Créée en 1928, la société est depuis 1992 exploitée par le groupe suédois Cycleurope (qui détient également d’autres marques prestigieuses telles que Bianchi). Il possède encore une usine en France, à Romilly-Sur-Seine.

La marque n’a pas traîné à prendre le virage de l’électrique et propose, en plus de ses vélos musculaires (randonnée, gravel, VTT), une large gamme de vélos à assistance électrique qui va des VTTAE sportifs aux vélos urbains, classiques ou cargo.

Le G-Life Compact testé ici est l’un des modèles les plus modernes proposés par Gitane, tant dans ses lignes de vélo trapu que dans sa philosophie de petit SUV compact. Un vélo électrique urbain, assez court, robuste, paré pour la vie citadine, avec un positionnement tarifaire plutôt premium.

Il est proposé en trois versions, et commence à 2899 € avec le G-Life Compact 2 (moteur Shimano Steps E5000 40 Nm). Le G-Life Compact 1 monte à 3199 € avec un moteur plus performant (Steps E6100 60 Nm), un rack avant et une béquille double. Enfin, une version G-Life Compact Cargo est également proposée au tarif de 3399 €. Elle est équipée d’une plus grosse batterie (603 Wh au lieu de 482 Wh) et de plateaux de chargements amovibles à l’avant et à l’arrière.

Pour ce test, la marque nous a prêté un G-Life Compact 1 avec deux accessoires en option, un plateau de chargement et un panier.

Bien sûr, le G-Life Compact ne manque pas de concurrents. Parmi ses rivaux désignés, on trouve le Winora Radius testé l’été dernier. Un vélo réussi, très similaire dans son approche. Il faut aussi compter avec le KEB de Vélo de Ville, l’Upstreet de Flyer, le Quick Haul de Tern, le Hans-E de Bergamont ou encore le Katu-E d’Orbea. Autant de vélos électriques compacts, à roues de 20″, pensés pour la ville.

Confort

Le G-Life Compact n’existe qu’en une seule taille, avec un cadre ouvert facilitant l’enjambement du vélo (à 45 cm du sol). Dans un mode de vie où l’on multiplie les arrêts, c’est un plus, surtout s’il nous arrive de porter une jupe ou un pantalon serré. Le vélo impose des lignes sobres mais imposantes, avec un style SUV totalement assumé que l’on retrouve depuis son large tube diagonal jusqu’au diamètre des tubes du porte-bagage et du rack avant.

Son cadre en aluminium inspire d’emblée la solidité et les premières manipulations du vélo confirment cette impression visuelle. Le G-Life Compact est un vélo robuste qui, derrière sa petite taille, cache un poids conséquent. Donné pour 29,9 kg sur sa fiche technique, nous le pesons à 31,14 kg sans accessoire (mais avec les pédales). C’est effectivement du lourd, et il faudra sortir les muscles si l’on a besoin de le porter (ne serait-ce que sur quelques mètres, pour quelques marches, ou pour le repositionner).

Gitane le prédestine aux cyclistes mesurant entre 1,60 et 1,80 mètre. Mesurant 1,85 mètre, je dépasse. Pourtant, le vélo ne m’empêche pas de trouver une position assez confortable à son guidon, avec ce qu’il faut de marge côté tige de selle pour accueillir des profils un peu plus grands encore.

Petit bémol, la potence n’est pas réglable en hauteur ou en inclinaison. Il s’agit en revanche d’une potence à blocage rapide permettant de faire pivoter facilement le guidon d’un quart de tour. On peut ainsi le positionner de manière parallèle au cadre et gagner en encombrement lorsque l’on range le vélo, qui ne mesure alors plus que la largeur des pédales. Cela peut également être pratique pour transporter le vélo sur un porte-vélo, à condition d’utiliser un modèle capable de supporter 30 kg par emplacement.

Vélo pensé pour la ville, et non la performance, le G-Life Compact propose une position de pilotage bien posée sur les fesses, à dos relativement droit pour les petit gabarit, un poil plus engagée pour les plus grands. La selle Essenza (Selle Royale) est une valeur sûre pour ce genre de vélos, proposant une assise assez large et un rembourrage confortable. Le cintre, très légèrement courbé et semi rehaussé, se termine par des poignées ergonomiques Spectra en caoutchouc qui assurent un excellent grip.

Lorsque l’on pense « SUV » dans le monde du vélo, on pense instinctivement à de gros vélos polyvalents équipés de suspensions. Ici, on reste néanmoins sur un cadre rigide, avec une fourche non suspendue en aluminium à l’avant. Mais si Gitane a voulu que son vélo ait du caractère, elle vise également un certain confort. Raison pour laquelle la marque a jeté son dévolu sur des pneus disproportionnés, tirés de l’univers du Fat Bike, mais en version « ville ».

Les jantes Mach 1 très résistantes et capables de soutenir de lourdes charges sont donc montées de pneumatiques 20″ UrbanFat de 3.0″ de largeur. On parle bien de pneus très larges, mesurant 76 mm de flanc à flanc. De type « ballon » (au profil arrondi), ils se gonflent entre 3,1 et 4,2 bars. L’idée – on l’a compris – est de se servir de ces gros pneus comme d’amortisseurs pour gommer les aspérités de la route, grâce à un volume d’air conséquent et une pression de gonflage assez basse.

Ce choix a des conséquences directes sur le comportement du vélo. Nous y revenons juste après. Et en ce qui concerne le confort, l’objectif est atteint : le G-Life Compact est un vélo qui, sans absorber les gros trous et les passages de trottoirs comme le ferait un vélo suspendu, filtre plutôt bien les défauts de voirie et les passages pavés. Le profil des pneus l’empêche en revanche de jouer les baroudeurs passe-partout. Comme un SUV à traction avant pensé pour les trajets urbains côté voiture (une aberration), il n’est vraiment à son aise que sur le goudron, la ville étant son terrain de jeu.

Performances

Pour mouvoir ce vélo compact, mais lourd, Gitane a fait le choix d’une motorisation Shimano Steps E6100. Un moteur central bien connu, développant un couple de 60 Nm. Il est associé à une transmission par chaîne proposant 5 vitesses intégrées au moyeu arrière Shimano Nexus.

Un développement étagé pour la ville, qui a le gros avantage d’autoriser les changements de vitesse à l’arrêt. Typiquement, au feu rouge, pour se faciliter le démarrage sans avoir besoin d’anticiper. 5 vitesses suffisantes compte tenu du fait que l’on est bien assisté par le moteur, et qui offrent suffisamment de latitude pour pouvoir mouliner quand ça monte vraiment et, à l’inverse, ne pas pédaler dans la semoule quand on est lancé en descente.

A noter d’ailleurs que le moteur Steps E6100 aime bien travailler en cadence. Il offre des sensations de pédalage particulièrement douces et naturelles, et a un très bon rendement dès lors que le pilote tourne les jambes autour des 60 à 70 tours/minute. C’est un moteur qui donne réellement l’impression de faire du vélo, avec une assistance qui démarre au quart de tour mais sans à coup ni surplus d’accélération.

Paradoxalement, le Gitane G-Life Compact est un vélo qui ne donne pas du tout envie d’appuyer sur les pédales. Lourd et bien assis sur ses très gros pneus, il ne récompense absolument pas l’effort. On essaiera une fois ou deux de dépasser les 25 km/h (vitesse à laquelle se coupe l’assistance, législation oblige) à la force des cuisses, en comprenant que le rendement du vélo n’est pas suffisant pour être gratifiant. A quoi bon s’époumoner et se faire mal aux jambes pour pousser une pointe à… 27 km/h, quand le vélo s’emmène tout seul à 25.

Idem lorsqu’une difficulté s’amorce. Il suffira de monter l’assistance au niveau supérieur et de rester en cadence, bien assisté par le moteur. Le système propose à ce titre trois niveaux d’assistance : Eco, Normal, Power.

N’y allons pas par quatre chemins, le mode Eco est assez poussif. Il n’aura d’intérêt que sur les portions planes et roulantes, si l’on souhaite économiser sa batterie et prendre son temps (en se baladant autour des 20 km/h).

Le vélo est lourd. Ses pneumatiques ne sont pas les plus roulantes. Aussi le mode Normal sera privilégié la plupart du temps. Le gain d’agrément entre les deux vaut largement la dépense énergétique supplémentaire. En mode intermédiaire, le vélo gagne en vélocité mais aussi en vivacité. Il affronte mieux les petits dénivelés. Est plus efficace à la relance. Mais rencontrera tout de même ses limites sur les côtes prononcées et/ou lorsqu’il est chargé.

C’est là qu’intervient le mode Power, qui nous a permis d’avaler une longue portion à 11% d’inclinaison de moyenne en étant pas mal chargé sans trop galérer. On se met en vitesse 3, on tourne les jambes, et le vélo grimpe « tout seul » à 20/22 km/h. C’est rassurant et on sent alors la puissance d’un moteur qui sait parfaitement rester à sa place le reste du temps, même si dans l’ensemble le système confirme qu’il est moins puissant que le moteur Bosch Performance Line (jusqu’à 75 Nm de couple) qui équipe le Winora Radius.

Cela nous fait dire que le moteur Steps E5000 40 Nm, qui équipe pour rappel la version G-Life Compact 2, est sans doute un peu sous dimensionné par rapport aux besoin du vélo.

Dans le mode d’assistance le plus élevé, on bénéficie également d’un meilleur comportement global du vélo : il atteint aisément les 25 km/h, donne véritablement l’impression d’être plus léger et maniable. Bref, contrecoup sur l’autonomie mis à part, c’est clairement le mode dans lequel le G-Life Compact est le plus agréable à piloter. Car oui, le G-Life Compact a besoin de ce boost moteur pour faire oublier son côté pataud. Il suffit d’essayer de le piloter sans assistance pour comprendre d’où l’on part (de très loin !).

Les vélos courts (168 cm de long ici) avec une centre de gravité très bas sont généralement très vifs et maniables à piloter, mais peuvent manquer de stabilité – surtout à haute vitesse. Avec le G-Life Compact, c’est un peu l’inverse : lourd et posé sur ses pneus très larges, le vélo est particulièrement stable mais manque de vivacité et de dynamisme. Heureusement que le moteur est là pour lui donner de l’entrain.

A noter, au passage, que le moteur est particulièrement silencieux en fonctionnement, et qu’il est très agréable de se rendre compte que l’on n’entend quasiment rien dès que l’on pédale en zone calme.

Côté freinage, rien à dire, cela mord bien et fort. Les étriers des freins Shimano MT201 à deux pistons viennent serrer des disques de 180 et 160 mm grâce à des commandes hydrauliques qui permettent un excellent dosage de la force de freinage. Et en cas de freinage d’urgence, on s’arrête en quelques mètres malgré l’inertie du vélo. Sur chaussée humide également, le passage de 25 km/h à 0 se fait en 3 mètres environ et les pneumatiques réagissent bien.

Au global, sur le chapitre performances, l’essentiel est préservé par ce G-Life Compact malgré un embonpoint qui le dessert. Le vélo reste agréable à rouler grâce à son assistance électrique et est bien adapté aux trajets urbains. Signalons tout de même – sans faire de fixette – que le Winora Radius était plus dynamique à conduire et plus apte à se faufiler en ville, avec ses 22 kg, ses pneus plus convaincants (Schwalbe ePick-Up de 2,4″ de section) et son moteur plus puissant. On parlait à l’époque de « kart sur deux roues » pour le définir. Avec le G-Life Compact, on est plus sur de la berline que l’on aurait rapetissé.

Equipement

Le moteur Shimano E6100 est contrôlé par une commande Shimano E5000 installée sur la gauche du cintre. C’est un système simplissime à prendre en main : deux gros boutons permettent de jongler entre les trois modes d’assistance, un interrupteur permet d’allumer et éteindre l’éclairage, et un dernier bouton permet d’afficher l’autonomie restante ou le kilométrage effectué. C’est tout, et c’est suffisant dans les faits.

Simple et efficace, comme l’écran à segments tout simple qui n’a peut-être pas le sex-appeal des solutions en couleurs, mais qui est très lisible, même au soleil.

Pour en revenir au vélo, nous avons le plaisir d’y trouver des garde-boue parfaitement intégrés. Période hivernale oblige, nous avons pas mal roulé par temps humide avec le G-Life Compact et pu constater l’efficacité de ces protections. Le garde-boue avant a le bon goût de descendre assez bas et, même en l’absence de bavette, il protège bien des projections, y compris sur les chaussures.

On profite également d’un carter de protection pour la transmission à chaîne, ce qui évite les salissures sur le bas du pantalon. Même si le moyeu Shimano Nexus évite d’avoir à entretenir un dérailleur et une cassette, la chaîne doit toujours être graissée un minimum pour optimiser son fonctionnement et elle aura donc tendance à s’encrasser.

Le vélo est également livré avec une béquille centrale double, capable de supporter jusqu’à 80 kg. Cela apporte une excellente stabilité au vélo à l’arrêt, facilitant le chargement de courses ou autres. Ce sera aussi un point rassurant si l’on transporte un enfant à l’arrière, car cela sécurisera sa mise en place.

En parlant de transport, il faut savoir que le G-Life Compact 1 est livré avec un solide porte-bagage arrière capable de supporter jusqu’à 35 kg, ainsi qu’un rack avant sur lequel on pourra porter 10 kg supplémentaires. Dans les deux cas, en pratique, on pourra sans doute même charger davantage tant ces éléments semblent solides.

Gitane a fait le choix du système de fixation AVS (un équivalent à Racktime ou encore MIK HD), qui permet de clipser/déclipser en un clin d’œil les accessoires compatibles avec cette norme. La marque propose, en option, différents paniers, plateaux, sacoches et porte-bébé compatibles. Il est évidemment possible d’adapter les accessoires de marques tierces sur le vélo – en profitant de la plateforme AVS s’ils sont compatibles, ou en utilisant des fixations universelles de porte-bagage.

Ce choix apporte un plus appréciable au quotidien, permettant de « configurer » rapidement le vélo en fonction de ses besoins du moment. On part à vide pour un simple déplacement. On choisit les bons accessoires pour se faciliter la vie lorsque l’on part faire les courses. On pourra passer du siège enfant au panier à l’envie. Notons que les accessoires équipés de serrures peuvent être verrouillés au vélo à l’aide d’une clé, pour éviter de les voir disparaître.

Pour ce test, nous avons pu utiliser un panier haut avec housse de protection et un plateau cargo à fond bois et sangle de maintien. Deux accessoires de qualité que l’on peut indépendamment installer à l’avant ou à l’arrière en fonction de ses besoins, et ce en quelques secondes. Pratique et fonctionnel, on aime.

Tout équipé pour le quotidien, le G-Life Compact dispose d’un antivol de cadre Abus qui permet de bloquer la roue arrière, et est compatible avec les chaînes de type plugin. Ce sera une bonne option pour sécuriser le stationnement du vélo car il n’est pas si facile que cela à attacher : ses gros pneus ne sont pas toujours compatibles avec les pince-roues (un système de parking à éviter quoi qu’il en soit) et son tube diagonal de gros diamètre oblige à reporter l’usage d’un U au niveau du tube de selle.

Les pédales fournies sont d’une qualité correcte, tout comme les éclairages, alimentés par la batterie du vélo. A l’avant est monté un phare Spanninga Axendo 40 lux qui, sans être suffisamment puissant pour les voies non éclairées, diffuse un cône assez large et est adapté à un usage citadin où il y a de l’éclairage public. A l’arrière, un feu Axa Juno participera à la visibilité du cycliste, que chacun prendra soin de renforcer s’il le souhaite pour améliorer sa sécurité.

Le vélo bénéficie sinon d’un très bon niveau de finition. Certaines soudures ont droit à un véritable effort de lissage qui parfait ses lignes, même si ce n’est pas le cas au niveau de certaines soudures arrières.

Globalement, le montage est de très bonne qualité et l’impression d’avoir affaire à un produit sérieux est là. Seul oubli : l’absence d’œillets sur le cadre pour installer un porte-bidon ou un antivol. Dommage.

Autonomie et charge

Le gros tube diagonal du G-Life Compact intègre une batterie d’une capacité de 482 Wh. Elle est évidemment amovible, protégée par une serrure à clé, et peut être chargée directement sur le vélo ou non. Pesant 2,8 kg et assez volumineuse, elle ne dispose d’aucune sangle ou poignée qui faciliterait son transport.

Le vélo est livré avec un chargeur 2A. Résultat, de 0 à 100% de capacité, il faut compter un peu plus de 6 heures pour recharger la batterie. C’est certes moins rapide qu’avec un chargeur 4A, mais dans un usage classique où l’on branche la batterie le soir pour la retrouver chargée le lendemain matin, ça ne pose pas de souci particulier.

Mais alors, quelle autonomie cette batterie permet-elle d’aller chercher sur le G-Life Compact, un vélo lourd aux pneumatiques manquant de rendement ? Comme toujours, les tests d’autonomie n’ont de valeur qu’en fonction des paramètres d’essai. Ici, un pilote pesant près de 80 kg, des trajets urbains et périurbains avec des dénivelés assez peu marqués, le tout en période hivernale avec des températures comprises entre 0 et 5°C (le froid a un impact non négligeable sur l’autonomie).

Dans ces conditions, avec l’assistance activée au niveau 3 (le plus élevé), nous avons constaté une autonomie d’environ 47 km. C’est honnête, sans plus. Cela offre tout de même au vélo un rayon d’action confortable, et de quoi couvrir des distances assez longues chaque jour à condition de recharger souvent.

Le passage sur le niveau 2 de l’assistance (un cran en dessous) a clairement des effets bénéfiques sur l’autonomie, permettant de gagner aisément une grosse vingtaine de kilomètres. Pour optimiser les choses, on préconisera l’usage de ce mode Normal par défaut, et l’activation du mode Power de manière plus sporadique en fonction des situations.

Enfin, le mode Eco permet de dépasser les 80/90 km d’autonomie, ce qui pour le coup commence à être très intéressant. Pour autant, on l’a dit, ce mode est poussif et on ne l’utilisera en pratique que pour maximiser son autonomie en cas de batterie déjà bien déchargée.