Anod Hybrid : on a testé le premier vélo électrique hybride combinant supercondensateurs et petite batterie Lithium
L’Anod est unique sur le marché puisque c’est le seul vélo électrique à combiner la récupération d’énergie via des supercondensateurs et l’utilisation d’une petite batterie Lithium Ion de 550 grammes (76 Wh). Pari gagnant ?
L’Anod est le premier vélo électrique à combiner la récupération d’énergie au freinage et l’utilisation d’une petite batterie Lithium de 76 Wh qui ne pèse que 550 grammes. La récupération d’énergie se fait grâce au frein moteur qui va stocker l’énergie dans les supercondensateurs. Ces derniers sont utilisés pour propulser le vélo ou recharger la batterie principale.

Le gros avantage des supercondensateurs est leur capacité à accumuler rapidement une grande quantité d’énergie en peu de temps. Pour simplifier, lors du freinage, le moteur va générer de l’énergie avec une puissance pouvant aller jusqu’à 600 W, mais pendant un court laps de temps (pas plus de quelques secondes). Les supercondensateurs ont la capacité de capter la totalité de l’énergie emmagasinée alors qu’une batterie Lithium Ion est plus limitée en termes de recharge rapide et surtout, elle n’apprécie pas ça sur le long terme. Cependant, les supercondensateurs ont une capacité très limitée. Les 2 kg de supercondensateurs embarqués dans le tube diagonal du vélo Anod ne peuvent emmagasiner que 9 Wh.
Le vélo Anod Hybrid est en précommandé pour 3499 €. Les premiers exemplaires devraient être livrés au printemps 2025.

On vous laisse lire notre dossier complet pour mieux comprendre le fonctionnement des super-condensateurs.
Un vélo bien pensé, bien fini et bien équipé
Le vélo Anod dispose d’un design plutôt original. Le cadre en aluminium fabriqué à Taiwan affiche des finitions haut de gamme avec notamment des soudures polies. Le vélo se contente d’un poids de 21 kg, ce qui est correct pour un vélo électrique de ville tout équipé.

La position droite est confortable. Le vélo est stable et maniable, mais manque globalement de fun et de dynamisme. Il faut dire que l’assistance tempère les ardeurs du cycliste comme nous allons le voir.

Le vélo convient aux cyclistes mesurant entre 1m55 et 1m90. Le guidon ne peut pas être remonté et la potence ne peut pas être changée. En revanche, chaque côté du guidon peut-être légèrement ramené vers l’intérieur afin d’être plus proche du buste. Le guidon est alors plus recourbé.
Le moteur MHR1 est entièrement fabriqué par Anod. La société reçoit les bobines de cuivre et s’occupe du reste (train épicycloïdal, bobinage des stators, etc.). Même les pièces de fonderie du moteur sont réalisées en France. Ce moteur moyeu développe un couple de 60 Nm pour une puissance nominale de 250 W.

Anod a choisi une transmission par courroie avec une seule et unique vitesse. L’utilisation d’une courroie permet de réduire énormément l’entretien et la maintenance au quotidien. La courroie n’a pas besoin de lubrification (graisse ou huile) et offre une durée de vie de plus de 10 000 km, de quoi rouler sereinement. Autre avantage, en l’absence de lubrification, elle ne se salit quasiment pas.

Le vélo est plutôt bien équipé de série avec la présence de larges gardes-boue, d’un éclairage avant et arrière et d’une béquille latérale. Comme souvent, le garde-boue avant ne descend pas assez bas et ne va pas protéger efficacement le bout des chaussures des projections d’eau. Il faudra ajouter une bavette.




Anod propose un porte-bagages arrière (25 €) et un porte-bagages avant (25 €) en option ainsi qu’une tige de selle suspendue (75 €).
En revanche, il n’y a pas d’antivol de cadre et Anod n’a visiblement pas prévu les fixations pour un antivol de cadre sur la roue arrière. On pourra toujours monter un antivol de cadre à l’aide de bande de serrage, mais c’est un peu moins pratique.
Le poste de pilotage est épuré au maximum. A gauche, on retrouve uniquement la sonnette (bien placée et accessible) alors qu’à droite on retrouve la commande du système. Les poignées ergonomiques sont assez confortables, mais nous n’avons pas roulé assez longtemps pour nous faire un avis sur ce point précis.

La selle est assez classique. Avec son profil mixte, elle est aussi bien adaptée à la position droite qu’à un pédalage soutenu, ce qui – comme nous allons le voir – n’est pas anecdotique. Les pédales plates avec du grip sont confortables, mais là encore, nous ne pouvons pas nous prononcer sur leur adhérence sous la pluie, puisque nous n’avons pu rouler que quelques heures avec le vélo.


Anod propose également une tige de selle suspendue pour améliorer le confort, mais la taille minimale du cycliste passe alors à 1m60.
L’Anod Hybrid dispose également d’une connexion avec un système de géolocalisation qui devrait prévenir l’utilisateur en cas de mouvement suspect. Il sera également possible de verrouiller et déverrouiller le vélo à l’aide de son smartphone ou d’un badge, mais nous n’avons pas pu tester ces fonctionnalités.
L’assistance : une affaire de compromis
N’espérez pas retrouver l’assistance d’un vélo électrique classique sur l’Anod. Tout est conçu et pensé pour optimiser la consommation électrique et favoriser au maximum l’autonomie. Le premier mode d’assistance n’offre tout simplement aucune assistance, mais permet d’accéder au mode Boost en appuyant sur le plus gros bouton de la commande.
La commande est par ailleurs simple à prendre en main : un bouton d’alimentation pour allumer le système, un bouton d’éjection pour ouvroir le trappe de la batterie, des boutons « plus et « moins » pour gérer l’assistance et le gros bouton pour activer l’assistance maximale « Boost » à l’aide du pouce. La colonne de diodes à gauche indique le niveau de batterie alors que celle de droite donne le mode d’assistance utilisée (3 niveaux).

Dans le premier mode, l’Anod Hybrid est un vélo musculaire de 21 kg qu’il faut déplacer à la force des mollets. L’appui sur le bouton va permettre de retrouver l’assistance du moteur à la demande. Avec ce mode, on va rouler aux alentours de 12 à 13 km/h, voire un peu plus en fonction de votre état de forme, et l’assistance sera principalement utilisée avec le pouce au démarrage et dans les montées.
Le deuxième mode d’assistance permet de retrouver un semblant d’assistance électrique. Jusqu’à 15 km/h, là encore pour aller plus vite, il faut utiliser le bouton boost. Sur les quelques heures de test, nous n’avons quasiment pas utilisé ce mode intermédiaire pour privilégier le mode avec l’assistance maximale.
Avec le mode d’assistance le plus élevé, on pensait retrouver ce qui se fait habituellement sur un vélo électrique, mais on est très loin du compte. L’assistance est un peu plus présente au démarrage puis elle diminue légèrement pour rester très linéaire et très discrète. Il faut appuyer fort sur les pédales pour goûter véritablement à l’assistance. Si l’on appuie légèrement sur les pédales, comme on le ferait avec le mode maximal d’un Moteur Bosch ou Shimano par exemple, l’assistance est très limitée. On va se retrouver à une vitesse d’environ 19 km/h bien loin des 25 à 26 km/h d’un vélo électrique classique.
L’Anod Hybrid peut assister jusqu’à 25 km/h, mais il faut appuyer très fort sur les pédales et l’on a vraiment la sensation que c’est la force des mollets qui poussent en grande partie de vélo à cette vitesse.
Heureusement, l’assistance reste bien présente en montée où un accéléromètre permet de déterminer l’inclinaison du vélo et d’augmenter l’assistance dans les cotes sans forcement à avoir appuyer plus fort sur pédale.
L’assistance offerte par l’Anod Hybrid est donc beaucoup moins présente que sur un vélo classique, mais c’est le prix à payer pour garantir l’utilisation d’une toute petite batterie.
Un système de récupération d’énergie efficace
Le système de récupération d’énergie nous a vraiment bluffés par sa simplicité et son efficacité. Habituellement, les systèmes de récupération d’énergie sont basiques. Un contacteur situé au niveau des freins déclenche la récupération d’énergie du moteur en mode binaire : c’est ou rien.
Sur le vélo Anod, la récupération d’énergie se dose au frein. Ainsi, si l’on appuie très légèrement sur le frein, le vélo ralentit légèrement tout en récupérant de l’énergie, mais si l’on appuie un peu plus, la récupération d’énergie est beaucoup plus grande. Cela se joue sur quelques millimètres et l’on ne sait pas si tous les utilisateurs de l’Anode arriveront à gérer aussi finement le freinage , mais en tout cas, cette récupération d’énergie analogique du freinage fonctionne et c’est très agréable à l’usage.


Cette récupération d’énergie a deux avantages : elle permet de recharger les supercondensateurs (et donc d’augmenter l’autonomie du vélo) et aussi d’économiser les plaquettes de frein. On se prend assez vite au jeu de la récupération d’énergie en anticipant les freinages et on finit par ne quasiment plus utiliser les freins à disque. Ces derniers fonctionnent tout à fait normalement dès que l’on appuie un peu plus sur les leviers. La combinaison de la récupération d’énergie et des frein à disque hydrauliques fait que l’on se retrouve avec un freinage à la fois puissant et progressif.

Le système de récupération d’énergie est selon nous l’une des technologies les plus abouties du vélo Anod avec une intégration totalement transparente pour le cycliste et un gain à la fois en autonomie et en usure de plaquettes. Ce système combiné à l’utilisation d’une courroie nous fait dire que l’Anod devrait être l’un des vélos qui nécessitent le moins d’entretien, du moins en ce qui concerne les consommables (plaquettes de frein, chaine, cassette, etc.).
Une autonomie limitée
Nous avons pu parcourir environ 15 km avec la petite batterie de 76 Wh, c’est clairement un record de consommation rendu possible par l’efficacité du système de récupération d’énergie au freinage rendu possible par le moteur et les supercondensateurs.

La batterie de 550 grammes est très compacte et se fait facilement oublier au fond d’un sac. De plus, il n’y a pas besoin de trimballer un chargeur dédié puisqu’elle se recharge en USB-C avec n’importe quel chargeur de smartphone ou d’orignateurs. Avec un chargeur USB-C 65 watts, la batterie se recharge entièrement en 1h30.

Pour autant, cette autonomie reste limitée et pour beaucoup d’utilisateurs, cela devrait se traduire par une recharge quotidienne. La question à se poser est la suivante : « Est-ce que l’on préfère une petite batterie qu’il faut recharger tous les jours ou une plus grosse batterie que l’on va recharger une à deux fois par semaine ? ». Chacun choisira en fonction de son utilisation.

Sachez tout de même qu’une fois la batterie vide, l’Anod Hybrid fonctionne comme un vélo musculaire et pas comme l’autre vélo à supercondensateurs, le Pipop. C’est un parti pris d’Anod. Le vélo se contente de la récupération d’énergie et pourra ainsi faire fonctionner le moteur si l’on freine beaucoup ( notamment en descente). Sur le parcours essentiellement plat que nous avons fait une fois la batterie épuisée, nous n’avons pas réussi à récupérer suffisamment d’énergie pour relancer l’assistance du moteur. Sur le vélo Pipop, c’est différent. La roue libre est remplacée par un générateur. Les supercondensateurs se rechargent en roulant (et en freinant) pour ensuite restituer l’énergie dans les cotes ou lors des dépassements. C’est totalement différent.
Conclusion
Le système de récupération d’énergie de l’Anod Hybrid impressionne par sa simplicité d’utilisation et son efficacité. Il permet de gonfler l’autonomie de la petite batterie de 76 Wh. Sans le système de récupération, le vélo ne pourrait pas dépasser les 10 km d’autonomie selon Anod. Pour autant, l’Anod n’offre clairement pas la même assistance qu’un vélo électrique classique, tout est pensé pour consommer un minimum et cela se ressent. L’assistance est très, voire trop légère, pour être réellement satisfaisante.
De plus, l’autonomie de 15 km nous semble trop faible pour un usage au quotidien. Anod se base sur les études qui annoncent une distance moyenne quotidienne de 11 km. C’est sûrement vrai, mais dans les faits, il faudra recharger la batterie tous les jours – voire en cours de journée -, ce qui peut être contraignant pour certains.
Au final, le vélo Anod Hybrid reste une belle innovation sur le marché du cycle (et française qui plus est), mais on vous conseillera de l’essayer avant de l’adopter.

- Publié le 13 février 2025