Velomad met la clé sous la porte, nouveau symbole d’un marché du vélo en crise
La marque française Velomad, née sous le nom Le Vélo Mad, cesse son activité. Symbole d’un VAE local et accessible, elle succombe à la crise post-Covid et à un marché devenu trop concurrentiel.

La nouvelle est tombée sans détour : Velomad (ex-Le Vélo Mad) cesse son activité. La marque normande, symbole d’un certain renouveau du vélo électrique français, n’aura pas survécu à la tempête post-Covid. Le rêve d’un VAE local, accessible et bien construit, se brise sur les écueils d’un marché très compliqué, impitoyable même pour certains.
Fondée en 2018, Velomad voulait prouver qu’un vélo à assistance électrique pouvait être assemblé en France, au sein de la MFC de Machecoul, sans sacrifier ni le style, ni le prix. L’entreprise s’était distinguée par une communication chaleureuse, un service de proximité et une gamme cohérente : Urbain, Sport, puis Cargo (que nous avions testé et qui ne nous avait pas pleinement convaincus).
En 2023, un changement de nom et d’identité visuelle devait ouvrir une nouvelle ère : celle d’une marque plus affirmée, plus “Mad”. L’intention était bonne ; la conjoncture, moins.
Un marché impitoyable
« Il y a 7 ans, nous avons lancé Velomad à Rouen avec une idée simple : proposer un vélo électrique français, élégant et accessible, et contribuer, à notre échelle, à une mobilité plus durable (…) Après une période de forte croissance, le marché s’est brutalement ralenti. La concurrence s’est intensifiée, les prix se sont effondrés et, pour une entreprise indépendante comme la nôtre, cela a été un combat difficile », résume l’entreprise dans un courriel.
Car le marché du vélo, dopé par la pandémie, s’est brutalement retourné. Les stocks se sont accumulés, la demande a chuté, les prix se sont effondrés sous la pression des géants du secteur. Pour une structure de taille modeste, le choc a été fatal : plus de 500 000 euros de pertes sur l’exercice 2022-2023. Velomad avait tenté de se relancer par une levée de fonds et une diversification, mais le financement n’a pas suivi.
Pour se sauver, Velomad avait même revendu certains stocks à Intersport, où l’on retrouve ces vélos sous le nom de Nakamura Roadster.
Plus personne pour assurer la garantie
L’entreprise laisse derrière elle des clients attachés à leurs vélos, mais désormais privés de garantie constructeur. Les réparations resteront possibles, mais dépendront de la débrouille locale, loin des promesses initiales d’un service français intégré. C’est un rappel brutal : dans l’univers du VAE, l’aventure industrielle reste aussi fragile que les marges des jeunes marques.
« Concrètement, cela signifie que la société est en cessation d’activité et qu’il n’y a désormais plus de garantie constructeur sur les vélos déjà vendus. Nous en sommes sincèrement désolés et comprenons la déception que cela peut entraîner », concède Velomad.
La chute de Velomad illustre un paradoxe français : fabriquer localement, défendre une mobilité durable, mais devoir rivaliser avec des modèles parfois importés et subventionnés (ce qui est d’autant plus vrai sur l’entrée de gamme). Produire mieux coûte cher ; survivre sans volume est presque impossible. Pourtant, l’échec de Velomad ne signe pas la fin de l’idée et – heureusement – d’autres acteurs français ambitieux tiennent bon et s’en sortent mieux.
Cela rappelle néanmoins que la réussite du vélo en France exige plus qu’une bonne volonté entrepreneuriale, elle demande une vision industrielle soutenue, collective, durable.
- Publié le 20 octobre 2025