Vélo et société

A Londres, les femmes à vélo témoignent de nombreux abus dont elles sont victimes

Une étude menée par une association œuvrant pour rendre Londres plus accueillantes aux vélos démontre la violence qui existe au quotidien entre usagers de la route, et le sexisme qui aggrave les attaques subies par les cyclistes au féminin.

© LCC – London Cycling Campaign

En bref :

  • 1 000 femmes se déplaçant à Londres à vélo témoignent à travers une enquête des abus dont elles sont régulièrement victimes.
  • Outre les incivilités malheureusement quotidiennes, le sexisme aggrave régulièrement les comportements à leur égard.
  • Seuls 1/3 des déplacements à vélo à Londres sont effectués par des femmes. L’association LCC aimerait que la mixité soit atteinte en 2030.

Rouler à vélo en centre ville n’est pas toujours facile. Cela peut même être encore plus compliqué lorsque l’on est une femme. A l’absence d’aménagements cyclables sécurisés à certains endroits et autres incivilités quotidiennes, les femmes à vélo sont aussi régulièrement victimes de sexisme. En témoignent les résultats d’une étude réalisée à Londres auprès de 1 000 femmes se déplaçant à vélo.

Des abus très fréquents

Ainsi, selon cette enquête, 93% des répondantes affirment avoir déjà été intimidées par des conducteurs de voitures, et 77% au moins une fois par mois. 90% disent avoir déjà été victimes d’abus d’autres usagers de la route pendant qu’elles pédalaient, et 63% estiment que cela se produit au moins une fois par mois.

Des chiffres très élevés qui démontrent que, dans les grandes villes, le partage de la route et la bienveillance sont des notions qui disparaissent bien trop vite dès lors que l’on conduit un véhicule. Ces incivilités, les hommes en sont bien sûr également victimes. La vocifération la plus entendue selon cette étude étant : « Dégage de la route ! ». Néanmoins, la suite de l’étude démontre que les femmes à vélo subissent aussi assez fréquemment d’autres types d’attaques.

Les femmes ayant répondu à l’enquête déplorent des abus allant jusqu’aux menaces physiques, incluant du harcèlement sexuel, des attaques à caractère sexuel, comprenant des attouchements ou des fessées proférées – notamment – lors des arrêts (à un feu par exemple).

Plus globalement, les femmes ont le sentiment d’être plus souvent prises à partie que les hommes, avec des remises en cause très fréquentes de leur capacité à se déplacer à vélo. Version à deux roues du très tristement célèbre « les femmes ne savent pas conduire », slogan sexiste s’il en est.

Témoignages sans équivoque

La « London Cycling Campaign », association militant pour de meilleures conditions de déplacement à vélo dans la capitale britannique, publie les conclusions de son étude en l’étayant de témoignages.

Parmi eux, on peut citer celui de Dani : « C’est lorsque je faisais du vélo avec une remorque et mes enfants que j’ai subi le plus d’agressions. Il s’agissait d’automobilistes impatients dans les quartiers résidentiels, frustrés de ne pas pouvoir me dépasser. Ils criaient par la fenêtre et une fois, quelqu’un s’est arrêté devant moi pour me dire que j’étais une mauvaise mère parce que je mettais mes enfants en danger ! ».

Celui de Sara est également très parlant : « Je faisais du vélo sur la route où j’habite. Il y a des voitures garées de chaque côté et je dois rouler au même endroit que les voitures. Un conducteur s’est approché de moi à vive allure et, au moment de passer, a baissé sa vitre et m’a crié ‘salope !’ au visage ».

Rassurer les cyclistes pour encourager l’usage du vélo

Si l’on en croit les statistiques officielles des autorités londoniennes, à ce jour, seul un tiers des déplacements à vélo dans la ville sont effectués par des femmes. Il faut dire que selon l’étude de la LCC « plus de la moitié des femmes ont déclaré qu’elles étaient obligées de choisir entre rouler sur des routes très fréquentées sans espace sécurisé ou traverser des endroits isolés, peu fréquentés, sombres et non rassurants pour leurs déplacements ».

L’objectif de cette association est de faire en sorte que les cyclistes londoniens soient à moitié composés de femmes d’ici à 2030, en accompagnant les transformations de la ville pour mettre les femmes et les filles plus en confiance à vélo. Une pétition est en cours afin de faire prendre conscience du problème à la Mairie de Londres, et pouvoir obtenir des résultats rapides.

Son sujet principal : « Donner aux femmes la confiance nécessaire pour faire du vélo, y compris avec des enfants, sans craindre les collisions avec les véhicules à moteur et sans être victimes de comportements sexistes ».

En espérant que ce genre d’initiatives et le fait de mettre ces sujets sur le devant de la scène puissent faire évoluer les mentalités sur la place du vélo dans notre société et interroger certains comportements inacceptables vis-à-vis des femmes. Dans une société non défaillante, chacun devrait avoir le droit de se déplacer à vélo en se sentant en sécurité, peu importe son sexe, son âge, ses capacités, etc.

  • Publié le 19 janvier 2024

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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