Des cyclistes plus nombreux, mais moins de morts en 2023
Les chiffres de la sécurité routière font état d’une baisse significative de la mortalité des cyclistes en 2023, même si des efforts doivent encore être faits pour mieux les protéger.
En bref :
- Il y a eu 226 décès de cyclistes impliqués dans un accident de la route en 2023, un chiffre en régression de 8%.
- Il y a pourtant de plus en plus de cyclistes en France, ce qui tend à valider le paradoxe bien connu de la sécurité par le nombre.
- Le projet de loi Homicide Routier prévoit de durcir les peines encourues par les automobilistes ciblant volontairement les personnes vulnérables, auxquelles seront affiliées les cyclistes.
L’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) a dévoilé son bilan annuel pour l’année 2023. On y dénombre une baisse de la mortalité des cyclistes sur la route, alors même que la pratique du vélo a continué à progresser en France de plus de 5 % l’an passé.
En effet, la mortalité recensée est en baisse de 8 %. La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) profite de la publication de ces résultats pour faire un constat sans appel : plus il y a de pistes cyclables, moins il y a de morts à vélo. Cet organisme invite donc les pouvoirs publics à poursuivre et renforcer les efforts demandés par les usagers pour circuler à vélo en sécurité.
Plus il y a de cyclistes, plus la mortalité baisse
Les chiffres de l’ONISR nous apprennent que 226 personnes ont été tuées alors qu’elles circulaient à vélo sur les routes en France en 2023, sur un total de 3107 décès routiers. Ce chiffre est donc en baisse de 8 % par rapport à 2022. Fait intéressant, on constate que la baisse de la mortalité à vélo s’est vérifiée tout au long de l’année, et ce dans toutes les zones territoriales, qu’elles soient urbaines, périurbaines ou rurales.
La FUB insiste sur le fait que le concept de « sécurité par le nombre » se vérifie bel et bien en pratique. Il s’agit d’un concept observé notamment aux Pays-Bas qui démontre que plus il y a de cyclistes sur un même territoire, moins le risque d’avoir un accident est grand.
Il documente le fait que que plus il y a de cyclistes dans l’espace public, mieux ils sont perçus par les autres usagers de la route. Aussi, plus il y d’axes et voies sécurisés et dédiés à la pratique du vélo, plus le trafic routier en ressort apaisé, tandis que les cyclistes circulent en sécurité. Enfin, dernier phénomène observé, plus les cyclistes s’habituent au trafic urbain et mieux ils savent repérer et éviter les situations à risque.
Des aménagements sécurisés indispensables
Autre fait notable, les collectivités locales qui ont donné la priorité à la création de pistes cyclables sécurisées (c’est-à-dire séparées de la chaussée) sont celles qui connaissent les meilleurs résultats en matière d’accidentologie et de mortalité.
En effet, à Paris par exemple, les accidents mortels atteignent un niveau historiquement bas, tandis que l’usage du vélo s’est largement démocratisé, encouragé par des politiques publiques favorables. Il s’agit également de grands principes défendus par de nombreuses organisations internationales telles que l’OCDE.
Feu vert pour la loi « Homicide Routier »
Pour aller plus loin sur le sujet des accidents de la route impliquant des cyclistes, il faut savoir que la commission des lois de l’Assemblée nationale vient de donner un avis favorable à l’adoption d’un futur texte de loi visant à mieux protéger les personnes vulnérables sur la route, via des sanctions alourdies. Sous le titre « loi Homicide Routier », adopté avec 160 votes pour, 0 contre et 24 abstentions, ce projet de loi vise à durcir la loi pour les accidents mortels avec des circonstances aggravantes telles que l’alcoolémie ou l’usage de stupéfiants.
Le caractère volontaire de la mise en danger d’autrui est également pris en compte et les cyclistes seraient, dans le cadre de cette loi, considérés comme des personnes vulnérables. En conséquence, la loi Homicide Routier prévoit des sanctions alourdies lorsque les atteintes contre les cyclistes sont jugées volontaires. Il s’agit notamment du passage d’une peine complémentaire encourue de 5 à 10 ans dans le cadre d’une atteinte volontaire à un cycliste.
C’est un point de préoccupation de plus en plus grand pour les associations de cyclistes alors que le nombre d’agressions est en augmentation ces dernières années. La loi permettra donc de faire un distinguo entre les accrochages et accidents involontaires pouvant survenir dans le trafic et les violences volontaires, impliquant les automobilistes ou autres usagers de la route à l’égard des cyclistes (ou toute autre personne vulnérable).
L’idée est donc d’adapter l’appareil législatif à ces cas pratiques malheureusement de plus en plus fréquents, mais aussi de menacer de sanctions plus fortes pour encourager un juste partage de la route de manière civique. La Fédération Française de Cyclotourisme a été l’une des premières à se féliciter de ces avancées.
En lien avec l’association « Mon vélo est une vie », elle demandait une protection renforcée des cyclistes et des piétons dans la loi passant, notamment par la prise de sanction plus fortes lorsque leur intégrité physique est mise en cause. Elle déplore, en revanche, que d’autres mesures ne soient toujours pas prises en compte pour améliorer les choses.
Améliorer la prévention
Elle propose, par exemple, que des exercices et savoirs théoriques impliquant des cyclistes soient intégrés à la formation au permis de conduire et l’attestation scolaire de sécurité routière. Une fédération qui estime également que les aménagements routiers, la mise en place de plants de circulation à vitesse réduite ou encore le renforcement de la priorité pour les usagers les plus vulnérables sont des mesures qui iraient dans le bon sens pour renforcer la sécurité des cyclistes sur la route.
C’est la raison pour laquelle elle appelle à un « Grenelle de la sécurité pour les cyclistes » afin de mettre en relation tous les acteurs de la route pour faire évoluer favorablement la situation.
- Publié le 4 février 2024