Vélos électriques : explosion des passages aux urgences aux Etats-Unis
Une étude hospitalière montre que le nombre de personnes étant passées aux urgences suite à un accident de vélo a été multiplié par 49 aux Etats-Unis entre 2017 et 2022.
En bref :
- Entre 2017 et 2022, aux États-Unis, le nombre de passages aux urgences liés à des accidents à vélo électrique a été multiplié par 49, avec environ 8 000 cas recensés en 2022
- Seulement 44 % des cyclistes blessés portaient un casque au moment de l’accident, un chiffre en baisse de 6 % sur cinq ans.
- Les vélos à assistance électrique permettent d’atteindre des vitesses plus élevées, doublant pratiquement celle des vélos traditionnels, ce qui augmente le risque et la gravité des accidents.
Aux Etats-Unis, une étude inquiétante concernant l’explosion des accidents à vélo a été publiée par Jama Surgery. S’appuyant sur des données hospitalières récoltées entre 2017 et 2022, elle témoigne du très fort essor du vélo à assistance électrique sous un angle alarmiste : sur cette période de 5 ans, le nombre annuel de passages aux urgences faisant suite à un accident à vélo électrique a été multiplié par… 49 !
Cela représente quelque 8 000 cyclistes examinés en milieu hospitalier dans le pays au cours de la seule année 2022. Le nombre d’hospitalisations (admissions en soins) a, lui, été multiplié par 43.
Le port du casque régresse
Ces chiffres sont évidemment dramatiques, quand bien même ils sont le reflet d’une tendance profitable pour la société. Plus de personnes à vélo, c’est moins de dépendance aux énergies fossiles, moins de bouchons et de pollution, plus d’exercice physique et une population en meilleure santé. Pour autant, on peut s’inquiéter de voir le nombre d’accidents graves exploser à ce point.
Bien évidemment, les médecins américains mettent en exergue l’importance du port du casque à vélo pour réduire le risque de traumatisme crânien. Dans cette étude, on apprend que 44 % des cyclistes blessés portaient un casque, un chiffre qui – en 5 ans – a baissé de 6 %. Et ce alors que, selon ces chercheurs, le port du casque réduit par 2 le risque de souffrir de blessures à la tête suite à une chute ou un accident à vélo.
Autre enseignement de cette étude : les blessures à la tête tendent à être plus graves chez les pilotes de vélos à assistance électrique que chez les cyclistes à vélos traditionnels.
Vitesse et grosses voitures
Les explications fournies par les auteurs de cette étude n’ont rien d’étonnantes. Les utilisateurs de vélos à assistance électrique circulent à une vitesse plus élevée que les cyclistes au guidon d’un vélo musculaire, surtout aux Etats-Unis où l’assistance ne se coupe pas à 25 mais à 32 km/h.
Ce qui fait qu’en moyenne, les VAE vont deux fois plus vite que les vélos traditionnels. Une vitesse plus élevée qui augmente le risque d’accident (en lien avec le temps de réaction) ainsi que la gravité des blessures en cas de chute ou de collision.
Comme nous l’avons déjà expliqué à maintes reprises dans nos colonnes, TOUTES les études démontrent les bienfaits du port du casque à vélo en cas de choc, avec une réduction importante du risque de traumatisme crânien.
Un manque d’infrastructures
Pour autant, il est important de rappeler que le casque est une protection malheureusement insignifiante dans les accidents graves impliquant un autre véhicule motorisé. D’autant plus dans un pays comme les Etats-Unis où la taille moyenne des voitures augmente les phénomènes d’angles morts et où leurs poids a des répercussions directes sur la mortalité en cas d’accident.
Dès lors, le casque ne remplace pas des infrastructures cyclables protégées, offrant aux vélos des espaces de circulation propres et sécurisants. Malheureusement, aux Etats-Unis, ces infrastructures vélos sont encore très inégales d’une ville à une autre et sont, à l’échelle du pays, encore très largement insuffisantes.
- Publié le 18 mars 2024