Eurobike 2024 : un bilan plus que jamais sous le signe du VAE
Le salon Eurobike qui s’est tenu à Francfort du 3 au 7 juillet 2024 était comme à son habitude : dense, chargé en annonces et résolument tourné vers le vélo électrique, qui tire un marché en attente de jours meilleurs. Voici notre bilan après quelques jours dans les travées de l’un des plus gros salons du vélo au monde.
Le salon Prodays, délocalisé à Toulouse pour cause de Jeux olympiques à Paris, a laissé l’industrie du vélo sur sa faim. Il semble que l’Eurobike 2024 ait de son côté tenu ses promesses. L’un des plus grands salons dédiés au vélo d’Europe et du monde qui se tient à Francfort a regroupé des centaines d’exposants, fabricants de vélos ou d’accessoires, distributeurs et revendeurs. Nous y étions, nous aussi, afin de découvrir ce que nous réserve le marché du vélo pour les prochains mois.
Voici notre bilan après 3 jours passés sur place à arpenter les halls immenses de ce salon. Un bilan qui n’a pas vocation à être exhaustif, car nous avons beau être 3 chez Transition Vélo, cela ne suffit pas pour tout voir sur un salon aussi grand et fourni. Voyez-y plutôt une photographie, prise à travers nos yeux, de ce que le vélo peut nous offrir à l’avenir.
L’électrique, moteur de l’innovation
Ce n’est un secret pour personne, l’avenir du vélo sera en grande partie électrique. Le VAE est celui qui tire le marché, en valeur aussi bien qu’en volume et les fabricants redoublent d’efforts pour se démarquer. Mais la base d’un vélo électrique, c’est évidemment sa motorisation. Et dans ce secteur, les nouveautés vont bon train.
S’il fallait n’en retenir qu’un, c’est sans doute l’Avinox de DJI. Un fabricant jusqu’alors inconnu sur le segment du vélo célèbre notamment pour ses drones. L’annonce de son système pour VAE est une surprise tout d’abord. D’une part, car garder un secret aussi lourd dans le monde des nouvelles technologies relève de l’exploit. D’autre part, car investir le monde du vélo comme le fait DJI demande une dose équivalente de courage et de folie (et d’argent).
Sur un marché où les acteurs historiques sont bien installés, arriver de nulle part comme le fait DJI semble complètement fou. Et pourtant, au-delà d’une annonce que nous n’avions pas vue venir, c’est surtout la qualité de l’exécution qui nous marque. Certes, nous n’avons pu rouler que quelques dizaines de minutes avec le moteur Avinox, monté sur un VTT tout suspendu Amflow. Mais déjà avons-nous senti un potentiel certain.
Il faudra tout de même que DJI parvienne à s’adapter à un marché du vélo assez différent de celui dans lequel évolue la marque chinoise habituellement. Un monde bien plus petit dans lequel les acteurs sont bien plus interdépendants. Nous sommes véritablement curieux de voir où tout cela va nous mener.
Car DJI a beau avoir de bonnes idées, les gros acteurs sont déjà bien en place et continuent à innover. Bosch, comme chaque année, s’est fendu de ses nouveautés – certaines n’ont pas vraiment été « annoncées ». Des nouveautés là encore à l’esprit très high-tech, avec notamment l’apparition de l’intelligence artificielle au menu du géant allemand. Une IA au service du vélo électrique et de l’automatisation pour rendre la pratique encore plus simple pour le plus grand nombre. Plus simple à prendre en main, mais toujours plus complexe et donc sujette aux pannes éventuelles, diront certains.
Si certains doutent encore de l’explosion qui attend le marché du vélo, il suffit de voir le nombre d’habitués de l’automobile qui s’engouffrent dans le peloton à deux roues. ZF nous a soufflé avec ses nouveaux moteurs puissants et compacts, tandis que SEG a présenté le fruit de sa collaboration avec BH. Les Français de Valeo ont, pour leur part fait la démonstration de leur nouvelle interface. Un équipementier bien de chez nous que l’on aimerait bien voir passer la seconde, tant les avancées semblent à des années-lumière de ce qu’un tel groupe pourrait proposer. La France cherche ses champions dans le VAE et Valeo devrait en faire partie. Encore faut-il le vouloir vraiment.
Le tout auto n’est pas une blague
L’électrification des vélos est bien intégrée désormais. La prochaine étape semble être leur automatisation. Un automatisme que l’on connait déjà assez bien, que l’on parle de modes d’assistance automatiques présents chez Bosch, Shimano et d’autres. Mais également d’automatisme dans le changement des vitesses, Bosch y vient de plus en plus, Shimano également, Pinion ne devrait plus tarder.
Certains voient peut-être dans ce VAE sur lequel il suffit de tourner les pédales sans réfléchir la mort de la bicyclette. D’autres y voient un moyen de convaincre les plus réticents, les moins rassurés et les moins sportifs à s’y mettre.
La bonne solution vient peut-être des kits d’électrification alors. Nous avons justement pu essayer celui de la société londonienne Skarper. Un bloc qui intègre moteur et batterie et qui vient se fixer très facilement sur un vélo musculaire. Le meilleur des deux mondes ? Peut-être. Une chose est sûre, Skarper adopte bien les codes du monde du vélo électrique en matière de tarifs !
Le cargo se cherche des originalités
Plus intelligent et plus technologique, le vélo doit surtout devenir plus pratique et adapté à la vie de chacun. L’un des segments les plus représentés sur l’Eurobike est sans doute celui du vélo cargo. Qu’il soit longtail, comme le Loady de Velo de Ville, pliant comme le Miji Bike ou même capable de s’agrandir à l’envi comme le Cyclr Flex, le cargo cherche à convaincre.
Du vélo pour le quotidien, pour affronter la ville, transporter les enfants, les courses, aller au travail… Mais finalement, n’aspire-t-on pas simplement à cette chaise longue sous une tente proposée par SpaceCamper ? Nous on s’y voit bien en tout cas, au bord d’une rivière, bercé par le chant de l’eau et des oiseaux…
Faut-il tout réinventer ?
On peut également apprécier de voir des choses que l’on pensait immuables être bousculées, remodelées et repensées. Qui aurait pu croire qu’un jour, Presta, Shrader et Dunlop pourraient être réconciliés ? Ces valves de pneus de vélo, évidentes pour les experts, totalement obscures pour les néophytes, sont en passe d’être éclipsée par Schwalbe. Le géant allemand, spécialiste du pneu et de la chambre à air a présenté la Clik Valve. Une valve qui porte si bien son nom et que l’on rêve de voir partout.
Que dire de la selle VabsRider d’AtaraxyBSC ? Une selle qui repense totalement le genre et qui redonne de l’espoir à ceux qui n’en peuvent plus d’avoir mal aux fesses après chaque sortie. Nous l’avons essayée et nous vous conseillons de retrouver notre interview de l’un de ses créateurs sur notre chaine YouTube.
Et il y a les bonnes idées sur le papier, qui ont du mal à affronter la réalité. C’est le cas par exemple du vélo en plastique recyclé. Complètement à rebours de tout ce qu’on vient d’évoquer finalement. Mais malheureusement complètement décevant pour le moment. Le vélo en plastique fait un peu moins rêver que celui tout automatique, c’est certain. Mais n’est-ce finalement pas celui qui saisit le mieux l’essence même du vélo ?
Néanmoins, ne perdons pas de vue que le vélo est un enjeu majeur pour notre monde. Si l’on souhaite que nos enfants puissent continuer à rouler et à se faire plaisir à vélo, mieux vaut s’y mettre… et s’y mettre sérieusement. Surtout, il faut s’y mettre dès que possible et une marque comme Puky l’a compris, en proposant des draisiennes évolutives ou même des vélos avec moyeu à vitesses automatiques. Et pour boucler la boucle sur le vélo électrique, nous en avons même croisé pour les enfants chez Eightshot. Il faut bien suivre les parents…
- Publié le 10 juillet 2024