Vélos ville électriques

Fin d’Angell, la suite : plainte contre SEB, clients énervés et reprise des vélos par Ellipse

L’onde de choc de l’annonce de la fin des vélos électriques français Angell s’est étendue ces derniers jours. Outre des clients médusés et des concurrents prêts à reprendre les vélos, on apprend des poursuites engagées contre SEB et KickMaker.

© Angell

En bref :

  • Marc Simoncini annonce l’ouverture de poursuites judiciaires contre SEB et KickMaker, respectivement assembleur et concepteur des vélos Angell défaillants.
  • L’entrepreneur souhaite que toute la lumière soit faite sur les responsabilités, ce qui pourrait permettre à ses clients de se retourner contre ces deux entrerprises.
  • Du côté d’Ellipse Bikes, on organise la collecte et la revalorisation des vélos Angell sommés de ne plus rouler. Une offre de reprise de 500 € est même lancée.

L’annonce de la faillite à venir d’Angell Mobility par Marc Simoncini en fin de semaine dernière a forcément fait des remous durant le week-end. Si certains n’ont pas manqué de saluer l’aventure industrielle et d’apporter leur soutien aux salariés concernés, d’autres ont tiré à boulets rouges sur l’entreprise.

Des clients remontés

C’est notamment le cas de Jean Sébastien Bompoil, un client d’Angell, qui a exprimé son avis sur LinkedIn. Pourquoi relayer sa colère ? Parce que dans cette histoire, nous n’avons pas encore entendu la voix des personnes lésées, ayant acheté un vélo qui – aujourd’hui – fait l’objet d’une procédure de rappel mais ne sera ni réparé, ni remplacé, ni remboursé. Or, quand on donne la parole aux clients, ils ne sont pas tendres.

« Je fais partie des 7 000 early adopters (ou ‘couillons’ selon mon ressenti) du smartbike (…) un design objectivement ‘whaou’ (je l’ai acheté sur une Keynote de 30 minutes), mais un vélo inconfortable avec une position du cycliste improbable. Pas de dérailleur, pas de suspension, pas de garde-boue, et une multitude d’options pas forcément pratiques » écrit-il.

Marc Simoncini soulevant son vélo d’un doigt. © Angell

Il énumère ensuite les problèmes qu’il a pu rencontrer avec son vélo : « 14 mois d’attente pour la livraison ; un premier vélo livré sans chaîne ; trois changements de batterie ; des pièces détachées hors de prix ou introuvables. Un point positif tout de même : le SAV. À partir de la réception du vélo, ils ont été réactifs. Certes, ils n’ont pas tout résolu, mais ils ont répondu à mes sollicitations ».

« Hier, le couperet est tombé : Pas de solution. La société part en liquidation. Je comprends le principe entrepreneurial de savoir s’arrêter, mais là, je suis du mauvais côté du deal. C’est la double peine : un vélo que je dois stocker mais que je ne peux plus utiliser ; un scandale écologique avec un vélo de 4 ans qui finira probablement à la décharge », termine-t-il en évoquant « un immense gâchis » et « une déception totale ».

Plaintes déposées contre SEB et KickMaker

De son côté, Marc Simoncini a publié une tribune revenant sur les promesses et les déboires d’Angell. Ce qu’il faut en retenir ? En premier lieu, ce passage : « J’ai demandé à nos avocats d’assigner sans délai notre partenaire industriel le Groupe SEB (responsable de la fabrication des cadres), ainsi que le bureau d’étude KickMaker (ayant défini les process de fabrication) pour que toute la lumière soit faite et que les responsabilités de chacun soient établies ».

Le fait que ces prestataires qui ont aidé à la conception et assemblé les vélos de la marque estiment n’avoir aucune responsabilité dans la fragilité des cadres des premiers vélos Angell ne passe pas. Pour Marc Simoncini, il est essentiel qu’une enquête soit menée pour déterminer précisément les responsabilités de chacun, « ainsi, nos clients pourront mettre en œuvre les voies de recours pertinentes pour faire valoir leurs droits » explique-t-il.

Les vélos Angell étaient assemblés en Bourgogne-Franche-Comté à Is-Sur-Tille, dans l’usine du Groupe SEB.

En d’autres termes, pour l’entrepreneur, Angell Mobility ne peut être seule tenue pour responsable du problème. Si l’entreprise assume cette procédure de rappel et dit n’avoir jamais hésité à faire passer la sécurité de ses clients par dessus tout, ce qui la précipite aujourd’hui vers la faillite, elle tient à ce que la vérité soit faite sur les implications de toutes les entreprises ayant œuvré sur les vélos Angell, et que les clients puissent potentiellement porter plainte contre SEB ou KickMacker pour obtenir réparation.

Là encore, plusieurs sons de cloche suite à ces déclarations. Certains y voient la volonté pour Marc Simoncini et Angell de se dédouaner en partie, tandis que d’autres louent cette volonté d’éclaircissement qui pourrait être bénéfique aux clients si elle ouvrait des voix de recours aujourd’hui fermées.

Seconde vie et reprise, l’initiative d’Ellipse

Enfin, on se souvient que suite à la faillite de VanMoof, la société belge Cowboy avait mis ses développeurs au travail pour coder Bikey App dans l’urgence. Une application permettant aux vélos VanMoof de fonctionner même en cas d’arrêt des serveurs de l’entreprise.

Aujourd’hui, l’annonce de la fin d’Angell produit des effets similaires. En effet, durant le week-end, nous avons reçu dans notre boîte e-mail un message de Florian Prieur, cofondateur d’Ellipse Bikes (mais si, vous savez, la marque française qui propose l’E2 ST, un modèle récemment testé sur Transition Vélo) : « Suite aux annonces récentes d’Angell, Ellipse a décidé de se mobiliser pour éviter de laisser des milliers de vélos dans la nature ».

« Cet échec va être dur à encaisser pour l’industrie du vélo, mais on pense que la filière doit se mobiliser pour organiser la reprise des vélos Angell et éviter qu’ils soient jetés », poursuit-il. Dans un communiqué, Ellipse entend donc accompagner les possesseurs d’un vélo Angell défaillant pour les accompagner vers une solution durable, alors qu’ils avaient cru en la promesse d’un vélo sécurisé, moderne, local.

Ce sont effectivement trois valeurs que l’on retrouve chez Ellipse, qui a décidé de se mobiliser face à un gâchis écologique et économique annoncé. La société troyenne propose ainsi un ramassage gratuit des vélos dont certains propriétaires voudraient se débarrasser, afin de les valoriser.

L’Ellipse E2 ST, en tant que vélo électrique moderne, sécurisé, assemblé en France, se propose en alternative aux clients Angell lésés.

« Les vélos Angell ne doivent pas être réduits à des déchets. Notre objectif : Récupérer le maximum de composants afin qu’ils servent à réparer d’autres vélos ; assembler des vélos de seconde main pour offrir une mobilité douce accessible à moindre coût ; recycler les batteries de manière responsable grâce à des experts français », explique Ellipse.

Enfin, la marque propose une reprise des vélos Angell à hauteur de 500 € pour l’achat d’un vélo électrique de marque Ellipse. Cela se passe directement sur cette page Internet.

Là encore, certains ne manqueront pas d’y voir l’activation d’une opportunité commerciale, mais Ellipse appelle également à la mobilisation collective dans l’industrie du cycle, qu’elle invite à montrer l’exemple en revalorisant ces vélos et en leur donnant une seconde vie afin de contrecarrer la mauvaise image que l’échec d’Angell pourrait véhiculer pour les mobilités actives.

On sait que Parco Cycles et Cycles Services Loire (historiquement Cycles Mercier France Loire) ont déjà répondu favorablement à cet appel et souhaitent prêter main forte.

  • Publié le 27 janvier 2025

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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